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L'ancien dictateur panaméen Manuel Noriega est arrivé en France

Manuel Noriega (à droite) conduit à l'aéroport de Miami, où il a embarqué à bord d'un vol Air France à destination de Paris. L'ancien dirigeant panaméen Manuel Noriega, extradé depuis les Etats-Unis, est arrivé en France pour être présenté à la justice qu

Manuel Noriega (à droite) conduit à l'aéroport de Miami, où il a embarqué à bord d'un vol Air France à destination de Paris. L'ancien dirigeant panaméen Manuel Noriega, extradé depuis les Etats-Unis, est arrivé en France pour être présenté à la justice qu - -

PARIS - L'ancien dirigeant panaméen Manuel Noriega, extradé depuis les Etats-Unis, est arrivé en France pour être présenté à la justice qui...

PARIS (Reuters) - L'ancien homme fort du Panama Manuel Noriega a été placé sous mandat d'arrêt par la justice française, qui souhaite le rejuger pour blanchiment d'argent de la drogue à la fin des années 80.

Le général Noriega, 76 ans, a été extradé dans la nuit des Etats-Unis, où il a passé 17 ans en prison pour trafic de stupéfiants.

Ses avocats français, Olivier Metzner et Yves Leberquier, ont rapporté qu'il était aujourd'hui hémiplégique, sous traitement médical et très affaibli, un état de santé fragile qui justifie selon eux, en plus des arguments de droit, qu'il ne soit pas incarcéré en France.

Un juge des libertés et de la détention devait décider dans l'après-midi de son éventuel placement en détention provisoire.

Ses avocats, qui contestent la compétence de la justice française à le juger, ont demandé que l'audience soit publique.

"Le général Noriega n'a rien à faire sur le territoire français", a déclaré Me Metzner à la presse après avoir rencontré son client au Palais de justice de Paris.

L'avion d'Air France transportant l'ex-dictateur s'est posé peu avant 08h00 à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, en provenance de Miami. Au Palais de justice, le procureur lui a notifié son mandat d'arrêt en fin de matinée.

DES FONDS DES CARTELS OU DE LA CIA?

Manuel Noriega avait été condamné par défaut en 1999 par le tribunal correctionnel de Paris à dix ans de prison.

Il lui est reproché d'avoir transféré sur des comptes bancaires français près de 2,3 millions d'euros (15 millions de francs). Lors du procès, la justice française avait estimé qu'il savait que cet argent provenait de trafic de stupéfiants.

L'ancien général panaméen conteste les faits qui lui sont reprochés, faisant valoir que ces fonds provenaient de la CIA, dont il était un collaborateur depuis le début des années 1970.

Les avocats français de Manuel Noriega mettent en avant deux arguments de fond pour contester un nouveau jugement en France.

Ils estiment d'une part que la justice ordinaire française n'est pas compétente car il bénéficie de l'immunité qui échoit aux chefs d'Etat et, d'autre part, que les faits qui lui sont reprochés sont prescrits.

Selon le ministère de la Justice, si Manuel Noriega était placé en détention provisoire mardi, un nouveau procès pourra être organisé dans une période de deux mois, renouvelable une fois.

Yves Leberquier et Olivier Metzner refusent d'avance cette incarcération, qu'un homme dans son état ne pourrait supporter selon eux.

LÉGION D'HONNEUR

Ils affirment surtout que leur client bénéficie en France du statut de prisonnier de guerre que lui a accordé la justice américaine.

Invoquant les Conventions de Genève, Me Leberquier met notamment en cause la vétusté et la surpopulation des prisons françaises pour contester son placement en détention.

"Voilà quelqu'un que le président de la République invitait à l'époque en France, le décorait commandeur de la Légion d'honneur, et voilà qu'on le fait revenir dans des conditions absolument lamentables", a dit Me Metzner.

Capturé en janvier 1990 lors de l'intervention militaire américaine au Panama, Manuel Noriega avait été condamné en 1992 à Miami pour trafic de drogue, racket et conspiration.

L'ex-général a fini de purger sa peine il y a deux ans mais il est resté incarcéré dans l'attente de son extradition vers la France. Le Panama souhaite également le juger.

Né en janvier 1934, Noriega a fait carrière dans l'armée avant de devenir le dirigeant de facto du pays de 1983 à décembre 1989. Il a été destitué par l'intervention américaine.

Le général a d'abord été proche de Washington. Mais son soutien aux dirigeants cubain Fidel Castro et libyen Mouammar Kadhafi, sa proximité avec le cartel colombien de la drogue de Medellin, entre autres, lui ont valu de perdre le soutien des Etats-Unis.

Laure Bretton et Clément Guillou, avec la contribution de Gonzalo Fuentes à Paris et Jeremy Pelofsky à Washington, édité par Yves Clarisse