BFMTV
Politique

L'alliance entre écologistes et socialistes bat de l'aile

Pascal Canfin, ministre délégué au développement et Cécile Duflot, ministre du logement sont les deux représentant d'Europe Ecologie-Les Verts. Depuis quelques semaines, les divergences entre écologistes et socialistes s'imposent sur le devant de la scène

Pascal Canfin, ministre délégué au développement et Cécile Duflot, ministre du logement sont les deux représentant d'Europe Ecologie-Les Verts. Depuis quelques semaines, les divergences entre écologistes et socialistes s'imposent sur le devant de la scène - -

Les Verts vont-ils quitter le gouvernement ? Nucléaire, gaz de schiste, traité européen... Les sujets de discordes ne manquent pas ces derniers jours entre les écologistes et le gouvernement. Des élus Verts parlent de futur divorce, quand d'autres relativisent.

Traité européen, nucléaire, gaz de schiste : les sujets de tiraillements entre écologistes et socialistes se multiplient, au risque d'un divorce entre les composantes de la majorité.
Le Parti socialiste et EELV avaient signé avant les élections législatives de juin dernier un accord qui prévoit notamment la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité française de 75% à 50% d'ici à 2025. Ce compromis a permis aux écologistes d'obtenir un groupe à l'Assemblée nationale et de gagner deux portefeuilles au sein du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, avec Cécile Duflot au Logement et Pascal Canfin au Développement.
Mais depuis quelques semaines, les divergences entre les deux partenaires s'imposent sur le devant de la scène. « Si ce gouvernement, qui se veut un gouvernement du redressement productif, devient un gouvernement du conservatisme productiviste, (le divorce) va arriver vite », a prévenu vendredi l'eurodéputé Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Yannick Jadot. « Si la politique énergétique décidée par ce gouvernement devait être la réouverture du dossier des gaz de schiste, poursuivre l'investissement sur le nucléaire, il est évident que ça poserait la question de notre participation », a-t-il ajouté sur France Info, estimant toutefois que cette question n'était pas encore à l'ordre du jour.

Polémique autour du nucléaire et des gaz schiste

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a créé la polémique dimanche dernier chez les écologistes en qualifiant le nucléaire de « filière d'avenir ». Des propos recadrés par Jean-Marc Ayrault, qui a parlé de « mix énergétique ». Mais la ministre de l'écologie Delphine Batho a enfoncé le clou jeudi en estimant que la France avait « durablement besoin du nucléaire ».
Un débat a également émergé au sein de la majorité au sujet de l'exploitation des gaz de schiste. La France a banni en 2011 l'usage de la technique de fracturation hydraulique, mais le Premier ministre n'a pas exclu un feu vert à l'exploitation de cette source d'énergie avec une technique moins polluante.
Surtout, malgré la présence de deux ministres de leurs rangs au gouvernement, les écologistes français hésitent sur la position à adopter lors du vote du traité budgétaire européen. Celui-ci doit être soumis au Parlement début octobre et de nombreux élus EELV, parmi lesquels le sénateur Jean-Vincent Placé, ont annoncé qu'ils voteraient contre un texte qui ouvre selon eux la place à une austérité sans fin. L'ancienne candidate à la présidentielle Eva Joly a même appelé à la tenue d'un référendum sur le sujet, comme le Front de gauche.
Jeudi, un autre point d'achoppement entre les deux alliés a refait surface, celui du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, à 30 kilomètres au nord de Nantes. Rappelant la position des socialistes, la ministre de l'Ecologie Delphine Batho a estimé que cette infrastructure était nécessaire, suscitant un tollé parmi les écologistes.

« Des divergences connues »

Pourtant, l'heure n'est pas à la rupture, assurent les écologistes. « On ne va pas céder à chacune des bulles médiatiques qui se créent », dit le député Denis Baupin. « Il y a des divergences qui existent, qui sont connues et qui vont donner lieu à un bras de fer, mais ce n'est pas nouveau », ajoute-t-il. D'après lui, l'accord signé entre écologistes et socialistes avant les élections législatives a « acté » les désaccords entre les deux formations. « La ligne jaune, c'est celle de l'accord qu'on a passé », dit-il. Mais tant que celui-ci n'est pas remis en cause, pas question de « claquer la porte ».
Pascal Durand, secrétaire national d'EELV résumait récemment la situation dans un entretien à Reuters. « Nous sommes minoritaires au sein d'une majorité qui n'est pas convaincue, donc notre rôle politique du moment, c'est d'arriver à faire bouger les lignes sur ce que nous considérons comme essentiel », disait-il.
Mais le véritable test interviendra début octobre lors de la ratification du traité européen. La semaine dernière, Jean-Marc Ayrault a appelé les élus EELV à faire preuve de solidarité gouvernementale. « Les écologistes, comme tous les autres ministres, sont entrés au gouvernement en connaissant les engagements du Président pris devant les Français », a-t-il dit dans un entretien au Journal du dimanche.
Si les écologistes votent effectivement contre le traité, il s'agira donc d'un geste de défi à l'autorité du Premier ministre, qui devra toutefois tenir compte des nombreuses alliances entre écologistes et socialistes au niveau local avant de provoquer une crise au niveau gouvernemental.

La rédaction avec Reuters