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L'aile droite du PS isolée sur le projet "égalité réelle"

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PARIS (Reuters) - Plusieurs présidentiables socialistes ont tenté cette semaine de modifier un projet sur l'"égalité réelle" qu'ils jugent trop à...

PARIS (Reuters) - Plusieurs présidentiables socialistes ont tenté cette semaine de modifier un projet sur l'"égalité réelle" qu'ils jugent trop à gauche, jouant la carte de la crédibilité face au risque des promesses non tenues.

Fort de l'aval du premier secrétaire Martine Aubry, Benoît Hamon, chef de l'aile gauche du PS qui a coordonné les travaux, semble cependant en mesure de faire adopter un texte très peu modifié par les courants internes malgré leurs critiques.

Réuni à l'Assemblée, le "Parlement" du PS doit se prononcer ce mardi soir sur cette dernière pierre programmatique du futur projet présidentiel pour 2012 contenant plus de 200 propositions sur l'éducation, la santé ou le logement. Le texte sera soumis ensuite au vote des militants le 2 décembre.

Les proches de l'ancien premier secrétaire François Hollande ont choisi de s'abstenir. Manuel Valls et Pierre Moscovici, qui fourbissent également leurs armes en vue des primaires présidentielles, refusent également de voter le texte en l'état.

Le projet de 40 pages, sans hiérarchie ni chiffrage pour l'instant, a été passé au crible lundi soir par une "commission des résolutions", l'instance chargée de trancher les différends entre sensibilités socialistes.

Le texte propose, entre autres, le retour à la semaine de cinq jours dans les écoles, le vote d'une loi-cadre sur la distribution de l'eau, l'encadrement strict des loyers ou encore la création d'un "parcours d'autonomie" pour les jeunes - une mesure aux coûts budgétaires potentiellement très importants.

Lundi soir, une cinquantaine d'amendements ont été intégrés "qui ne dénaturent pas l'ensemble. Le texte est juste devenu meilleur", juge Benoît Hamon.

Le porte-parole du PS, qui a lui-même fait entendre une musique toute personnelle au fil de l'automne, notamment sur la réforme des retraites, salue un "beau moment de travail collectif" et rejette les critiques "qui viennent toujours des mêmes trois grincheux".

"ON NE PEUT PAS TOUT PROMETTRE"

Passée du banc de touche au jeu collectif depuis l'été, Ségolène Royal a fait parvenir ses propositions sur l'emploi des jeunes. L'ancienne candidate à la présidentielle a obtenu que ce thème soit déclaré "grande cause nationale" la première année du prochain quinquennat, si le PS l'emporte.

L'ancien ministre de l'Economie Michel Sapin, proche de François Hollande, a fait adopter un amendement sur la fiscalité du patrimoine lundi soir - maigre récolte comparée aux attaques contre le texte que certains dans son camp ont comparé à une "hotte du père Noël" sans priorités.

"Quand on est opposant, on bosse. Quand on veut être candidat, on propose", dit un proche de Martine Aubry.

Un autre membre de la direction constate une "baisse de régime" au sein de la droite du parti après les critiques des partisans du directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn et le message de Bertrand Delanoë. Sur son blog, le maire de Paris explique que le PS ne lui semble pas "trop à gauche" en cette fin de conflit sur les retraites.

Démentant toute posture politicienne, l'entourage de François Hollande met en avant des "désaccords de fond" pour expliquer son abstention.

"On n'est pas là pour agiter le microcosme interne du parti", dit l'un de ses proches, Stéphane Le Foll. "Nous disons juste qu'on ne peut pas tout promettre, qu'il est dangereux de créer des attentes qu'on ne pourra pas satisfaire."

Pour Manuel Valls, seul candidat déclaré aux primaires, "il manque le chiffrage, il manque la base essentielle" dans ce projet, ce qui obèrerait les chances de victoire du PS en 2012.

"La volonté des Français de se révolter contre le président de la République ne peut trouver une réponse que si les socialistes présentent un projet crédible qui corresponde réellement à l'état économique et financier du pays", a déclaré le député-maire d'Evry sur Europe 1 mardi matin.

Edité par Yves Clarisse