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Politique

L'affaire woerth continue à agiter la classe politique

Dossier clos pour le gouvernement, aveu de conflit d'intérêt pour l'opposition: les soupçons qui éclaboussent le ministre du Travail, Eric Woerth, divisent plus que jamais la classe politique française. L'exécutif français estime que la page est tournée a

Dossier clos pour le gouvernement, aveu de conflit d'intérêt pour l'opposition: les soupçons qui éclaboussent le ministre du Travail, Eric Woerth, divisent plus que jamais la classe politique française. L'exécutif français estime que la page est tournée a - -

PARIS (Reuters) - Dossier clos pour le gouvernement, aveu de conflit d'intérêt pour l'opposition: les soupçons qui éclaboussent le ministre du...

PARIS (Reuters) - Dossier clos pour le gouvernement, aveu de conflit d'intérêt pour l'opposition: les soupçons qui éclaboussent le ministre du Travail, Eric Woerth, divisent plus que jamais la classe politique française.

L'exécutif français s'est efforcé mardi de démontrer que la page était tournée après la divulgation dimanche d'un rapport de l'Inspection générale des finances qui conclut qu'il n'existe pas d'indices d'une intervention d'Eric Woerth dans le dossier fiscal de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt.

Le ministre du Travail a présenté la réforme des retraites, qui prévoit un report de l'âge de départ de 60 à 62 ans, et, comme le lui avait "conseillé" Nicolas Sarkozy lundi soir, a annoncé qu'il quitterait son poste de trésorier de l'UMP.

"La France a tellement de problèmes à régler que nous devons faire l'économie de toute polémique", avait expliqué le président français lors de son intervention sur France 2.

Le ministre du Travail ne voit pas en quoi le cumul de ses fonctions avec celles de trésorier de l'UMP pose problème.

"Néanmoins, ce cumul fait l'objet d'une polémique. J'en prends donc acte", dit-il dans une interview au Figaro.

Pour le Premier ministre, François Fillon, c'est jeu, set et match pour le gouvernement après des semaines d'accusations de conflit d'intérêt de l'opposition contre Eric Woerth et les allégations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt.

"Vous avez voulu jouer avec ces rumeurs, vous avez perdu, mais la démocratie a gagné", a-t-il dit à l'Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, accusant les socialistes d'avoir voulu profiter de l'occasion pour obliger l'exécutif à arrêter les réformes.

"Les imprécateurs ont eu tort, ils n'ont pas réussi et nous allons poursuivre notre effort de réforme, nous allons le faire en modernisant notre système de retraites, en réduisant les déficits publics (...)", a-t-il dit.

TIR DE BARRAGE DE L'OPPOSITION

Mais il s'est heurté à un tir de barrage de l'opposition à l'Assemblée, preuve que la tension n'est pas retombée.

La démission d'Eric Woerth de son poste de trésorier de l'UMP est présentée à gauche comme un "aveu", selon le mot de François Hollande, l'ancien Premier secrétaire du PS.

"Je pense qu'avoir demandé de la part de Nicolas Sarkozy, le président de la République, mais aussi virtuel président de l'UMP, à Eric Woerth de quitter la trésorerie de l'UMP, c'est bien l'aveu qu'il y avait un problème et le problème était encore plus grave quand Eric Woerth était non seulement trésorier de l'UMP et ministre du Budget", a-t-il dit.

Pour Jean-Marc Ayrault, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, il s'agit d'une victoire.

"Vous venez de donner acte à l'opposition qu'elle est dans son rôle et qu'elle peut et qu'elle doit poser les bonnes questions", a-t-il dit dans un hémicycle très agité.

La gauche estime que le rapport de l'Inspection générale des finances ne met pas fin aux doutes sur le financement politique illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Si l'ex-comptable de Liliane Bettencourt Claire Thibout a démenti avoir accusé Nicolas Sarkozy d'avoir reçu de l'argent en espèces de l'héritière de L'Oréal, elle a maintenu dans ses dispositions à la police qu'Eric Woerth avait perçu 150.000 euros pour le financement de cette campagne présidentielle.

Pour l'opposition, il existe une seule solution pour tirer l'affaire au clair: nommer un juge d'instruction indépendant.

Mais le procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine), Philippe Courroye, qui a ouvert trois enquêtes préliminaires liées à l'affaire Bettencourt et qui est lié hiérarchiquement au ministère de la justice, n'en voit pas l'utilité.

Le gouvernement estime quant à lui qu'il n'a pas à faire pression pour obtenir la nomination d'un juge d'instruction.

"La justice enquête, personne ne peut dire le contraire", a dit à l'Assemblée la ministre de la Justice, en s'en prenant à ceux qui critiquent le procureur Courroye.

"Vous insultez pas seulement un magistrat mais tous les magistrats", a déclaré Michèle Alliot-Marie.

Yves Clarisse, édité par Gilles Trequesser