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L'absentéisme menace la majorité à l'Assemblée

Echaudés par la déroute des élections régionales, de nombreux députés de la majorité ont choisi de déserter l'Assemblée pour leur circonscription, un regain d'absentéisme qui laisse craindre des séances difficiles pour le camp de Nicolas Sarkozy. /Photo d

Echaudés par la déroute des élections régionales, de nombreux députés de la majorité ont choisi de déserter l'Assemblée pour leur circonscription, un regain d'absentéisme qui laisse craindre des séances difficiles pour le camp de Nicolas Sarkozy. /Photo d - -

par Emile Picy PARIS - Echaudés par la déroute des élections régionales, de nombreux députés de la majorité ont choisi de déserter l'Assemblée pour...

par Emile Picy

PARIS (Reuters) - Echaudés par la déroute des élections régionales, de nombreux députés de la majorité ont choisi de déserter l'Assemblée pour leur circonscription, un regain d'absentéisme qui laisse craindre des séances difficiles pour le camp de Nicolas Sarkozy.

Les listes de la majorité présidentielle sont arrivées en tête au second tour du scrutin, le 21 mars, dans seulement une soixantaine de circonscriptions, a-t-on appris de sources UMP.

Elles ont dépassé les 50% des suffrages dans 28 des circonscriptions nouvellement définies, a-t-on précisé de sources parlementaires.

Les députés qui siègent au Palais-Bourbon ont été élus ou réélus en juin 2007, dans le sillage de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Le groupe UMP compte 314 élus, le groupe Nouveau Centre 25 membres.

La législature s'achève théoriquement en juin 2012.

S'il est traditionnel que les élus sillonnent leur circonscription au lieu de siéger dans l'hémicycle à mesure que s'approche le terme de la législature, les piètres résultats de la droite aux régionales risquent d'amplifier ce phénomène.

Les parlementaires entendent ainsi reconquérir leur électorat, mais aussi manifester leur mécontentement à l'égard de l'exécutif en optant pour la stratégie de la "chaise vide".

"J'ai d'autres choses plus utiles à faire dans ma circonscription qu'ici où de toute façon on ne tient pas beaucoup compte de nos observations", déclare désabusé un député UMP largement distancé par la gauche lors des régionales.

Un avis partagé par François Goulard, député UMP "villepiniste" du Morbihan, ou bien encore Lionnel Luca.

"Les mauvais résultats de certains collègues vont les inciter à être davantage présents sur le terrain", estime l'élu UMP des Alpes-Maritimes pour qui "l'essentiel c'est d'être dans sa circonscription".

"Ils sont de moins en moins nombreux ici", constate mi-goguenard un élu socialiste.

LE "COUP" D'HADOPI

La colère et la désillusion, avivées par la débâcle, n'ont elles pas quitté le Palais-Bourbon.

Des élus de la majorité n'hésitent plus à commenter favorablement des propos virulents de certains de leurs collègues, comme le député du Vaucluse Thierry Mariani, qui a coupé les ponts avec le chef de l'Etat pour avoir été "pris pour un c...".

Ou bien encore le sénateur UMP Alain Lambert qui, dans une tribune sur le site internet de la chaîne Public Sénat, a dénoncé "des méthodes" que Nicolas Sarkozy "croit bonnes depuis trois ans" et qui entraînent la droite "tout droit dans l'abîme".

Même le président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, s'est s'inquiété du "fonctionnement confus" des institutions tant au niveau de l'exécutif, que du parti majoritaire et du groupe UMP au Palais-Bourbon.

"Ça contribue à une anxiété générale", a-t-il déclaré mardi lors de sa rencontre hebdomadaire avec la presse.

Sans oublier les centristes qui, mardi, ont demandé au Premier ministre François Fillon à être davantage entendus.

Un absentéisme accru poserait de graves difficultés au groupe UMP face à une opposition - les socialistes principalement - revigorée après sa victoire aux régionales.

Cette dernière a ainsi tenté de réitérer mardi dernier le "coup" de la loi Hadopi en essayant de faire rejeter le projet de loi sur l'ouverture à la concurrence des jeux en ligne.

Les députés de la majorité siégeant en nombre insuffisant, le président de séance et le gouvernement avaient dû "meubler" et suspendre les travaux le temps que les élus de droite regagnent l'hémicycle pour rejeter la motion de procédure défendue par le groupe socialiste.

Le 30 mars 2009, le texte relatif à la lutte contre le piratage sur internet - dit Hadopi - avait été rejeté contre toute attente faute de majorité à droite.

L'incident est désormais une hantise pour les responsables de l'UMP.

Edité par Sophie Louet