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Politique

Joffrin : « J'attends des excuses de l'Elysée »

Le journal a rapporté des propos critiques de Sarkozy sur Zapatero

Le journal a rapporté des propos critiques de Sarkozy sur Zapatero - -

Attaqué par l'UMP après la publication de propos critiques attribués à Sarkozy sur Zapatero, le journal Libération persiste et signe, preuves à l'appui. Son directeur, Laurent Joffrin, s'explique.

Lors d'un déjeuner avec des parlementaires, Nicolas Sarkozy aurait dit du Président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero qu'il « n'est pas très intelligent ». Des propos démentis par l'Elysée, mais que le journal Libération, à l'origine de cette révélation, maintient, comme son directeur Laurent Joffrin l'explique : « Ce que nous avons écrit est entièrement vrai. Ça a été démenti par l'Elysée, puis par Frédéric Lefebvre de manière insultante. Or, il apparaît maintenant qu'on avait raison : ces propos ont été tenus. Ils ont été mal interprétés après, mais ce n'est pas notre responsabilité. On a donné le contexte. Le démenti de l'Elysée n'a aucun fondement, donc j'attends maintenant des excuses de l'Elysée parce qu'ils ont mis en cause notre honorabilité. Pareil, pire même, pour Lefebvre, qui est une espèce de roquet stipendié par l'UMP et qui doit maintenant reconnaître qu'il avait tort. »

« Ces propos de Sarkozy étaient ironiques »

Laurent Joffrin, Directeur de la rédaction de Libération revient sur cette affaire et en rappelle le contexte : « Sarkozy prend exemple de l'Espagne pour dire : vous voyez, Zapatero a interdit la publicité à la télévision publique... Alors, Emmanuelli, qui se sent mis en cause, marmonne : oui, mais Zapatero... Et Sarkozy dit : d'accord il est peut-être pas très intelligent, mais moi j'en connais d'autres qui sont très intelligents mais qui n'ont pas passé le premier tour de la Présidentielle. Ça c'était pour Jospin, Emmanuelli étant un de ses amis.
Effectivement, ces propos sont plutôt ironiques ; il défendait Zapatero en fait, en ayant l'air de douter de ses capacités intellectuelles. Et en Espagne, ça a été pris au premier degré et ça a fait une affaire. Et il y a eu des démentis parce que ça faisait une sorte d'incident diplomatique ; donc on a essayé d'éteindre l'incendie en nous accusant nous d'avoir falsifié les propos. »

« Royal récidive. C'est son jeu... »

Evoquant les excuses présentées par Ségolène Royal aux Espagnols après les propos de Sarkozy, Laurent Joffrin en décrypte les intentions : « C'est une manière de se mettre au centre de la scène. Elle avait déjà fait ça pour l'affaire africaine ; elle récidive. C'est son jeu, ça lui permet de faire parler d'elle. Ça se fait en politique. » Quand à la réaction de Frédéric Lefebvre, qui a suggéré un suivi psychologique à l'ancienne candidate socialiste à la Présidentielle, Laurent Joffrin n'en est pas surpris : « Lefebvre tape toujours au dessous de la ceinture. C'est sa spécialité. Il attaque au niveau le plus bas, il dit : elle est folle. Or, elle ne l'est pas. Elle peut faire des erreurs, on peut la critiquer, polémiquer contre elle, mais là c'est un qualificatif insultant. »

« Sarkozy, élevé au biberon de la télévision »

Peut-on critiquer Sarkozy ? Libération pose la question. Car selon le journal et son directeur, cette affaire « renvoie à un autre problème de fond : Sarkozy a une méthode qui consiste à "parler vrai", à "parler cru", à abolir la distance entre le "off" et le "on" (ndlr : off : e qui ne peut pas se répéter, et on ce qui peut être relayer), et à dire : c'est transparent. C'est un homme politique qui a été élevé au biberon de la télévision ; il connaît très bien les mécanismes audiovisuels. Il sait très bien que, comme dans la téléréalité, il faut avoir l'air vrai, authentique, spontané, sans calcul. Alors qu'en fait c'est un calcul, consistant à dire : moi je parle franchement, même si j'ai l'air cynique et que ça me cause des ennuis, je dis les choses comme elles sont, je suis un peu comme vous, dans la vie on parle comme ça et bien moi aussi je parle comme ça.
Mais cette méthode en tant que Président, c'est une rupture par rapport aux traditions de la Vème République. Habituellement dans la Vème République, le Président a un maintien plus solennel et une parole beaucoup plus rare et calculée. Il a cassé ce code, il parle comme un député de base, en argumentant en permanence de manière polémique pour justifier sa politique. »

La rédaction