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Jean-Marc Ayrault, des coulisses aux feux de la rampe

Plutôt en sourdine depuis sa nomination, la voix de Jean-Marc Ayrault se fera entendre avec force cette semaine dans un discours de politique générale appelé à donner le "la" du quinquennat de François Hollande. /Photo prise le 22 juin 2012/REUTERS/Philip

Plutôt en sourdine depuis sa nomination, la voix de Jean-Marc Ayrault se fera entendre avec force cette semaine dans un discours de politique générale appelé à donner le "la" du quinquennat de François Hollande. /Photo prise le 22 juin 2012/REUTERS/Philip - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Plutôt en sourdine depuis sa nomination, la voix de Jean-Marc Ayrault, l'autre "M. Normal" de l'exécutif,...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Plutôt en sourdine depuis sa nomination, la voix de Jean-Marc Ayrault, l'autre "M. Normal" de l'exécutif, se fera entendre avec force cette semaine dans un discours de politique générale appelé à donner le "la" du quinquennat de François Hollande.

L'occasion pour beaucoup de Français de découvrir le député-maire de Nantes sous un jour nouveau dans un exercice d'autant plus risqué que la situation économique dégradée l'obligera à demander des "efforts" aux Français, mot préféré à ceux de "rigueur" et d'"austérité".

"Il y aura de la gravité au sens où il parlera des sujets qui intéressent les Français, mais il n'est pas question de porter le deuil ou de ne donner aucune perspective", tempère-t-on dans l'entourage du chef du gouvernement.

"L'idée est de donner confiance aux Français sur le fait que le cap du redressement fixé et les engagements de la campagne sont tenables et seront tenus, qu'il s'agisse du redressement productif, éducatif ou de la transition énergétique".

Dans une interview au Journal du Dimanche, Jean-Marc Ayrault dit vouloir tenir "un langage de vérité".

"Il faut faire des efforts et des choix : nous ferons des économies dans les dépenses, mais elles seront justes et pas aveugles", assure-t-il.

Le Premier ministre planchait ce week-end sur le discours d'une heure environ qu'il prononcera mardi devant l'Assemblée nationale renouvelée, à qui il demandera de lui accorder sa confiance. Il s'exprimera devant le Sénat le lendemain.

Il conclura cette séquence, également marquée par la publication de l'audit de la Cour des comptes et l'examen en conseil des ministres du "collectif budgétaire" destiné à boucler le budget 2012, par une explication de texte mercredi soir sur TF1.

"C'est une semaine très importante pour lui. Il va endosser la fonction de façon visible, médiatique, avec un discours par définition très impliquant", analyse François Miquet-Marty, de l'institut Viavoice. "Il entre de plain-pied dans des enjeux de politique et d'opinion".

Depuis l'élection de François Hollande, le 6 mai, les médias scrutent avec une indulgence décroissante le début de présidence "normale" qui vient de relever, avec l'accord européen de Bruxelles, son premier défi majeur.

"TALON D'ACHILLE"

Le moment de Jean-Marc Ayrault est maintenant venu.

"Le Premier ministre a parfaitement conscience qu'on va l'écouter et l'observer", affirme un proche. "Jusqu'ici, les Français savaient qui c'était, mais pas vraiment qui il est".

De fait, "beaucoup de gens, 20% environ, ne le connaissent pas", dit François Miquet-Marty. "Au-delà des désenchantements possibles, leur appréciation comptera : le trouveront-ils compétent, efficace, à la hauteur de la fonction ?"

Le Premier ministre bénéficie d'un niveau de popularité confortable - 69% selon un sondage BVA publié mardi, 49% dans une autre enquête CSA, en baisse de sept points dans le sillage de François Hollande, à 51% d'opinions positives.

Proche du chef de l'Etat, qui lui donne du champ pour en finir avec l'"hyperprésidence" de Nicolas Sarkozy, Jean-Marc Ayrault fait preuve d'une fermeté discrète.

Ainsi a-t-il rappelé à l'ordre les ministres jugés trop bavards, tel celui de l'Education, Vincent Peillon, s'exprimant avant l'heure sur l'allongement des vacances de la Toussaint, ou Nicole Bricq, passée du ministère de l'Ecologie à celui du Commerce extérieur après une cacophonie sur des forages pétroliers en Guyane.

"La règle est très simple : les ministres ont toute légitimité à s'exprimer, mais on s'exprime quand on a quelque chose à dire, une fois que les choses ont été travaillées collectivement, décidées, calées dans l'ordre et l'harmonie", rappelle l'entourage de Jean-Marc Ayrault.

Jean-Marc Ayrault a en outre invité la chancelière allemande Angela Merkel à "ne pas se laisser aller à des formules simplistes" sur l'économie française. Et remis "à sa place" Valérie Trierweiler après les tensions suscitées par le tweet de la "première dame" soutenant l'adversaire électoral de Ségolène Royal, la mère des enfants de François Hollande.

Désormais, Jean-Marc Ayrault va être jugé à l'aune d'une âpre réalité économique.

"Il ne faut pas cacher les difficultés, pas les dramatiser non plus", dit-il au JDD. "La France n'est pas fichue, elle a un avenir".

Pour François Miquet-Marty, c'est le "talon d'Achille potentiel" pour l'exécutif, d'autant que "plus le temps passe, plus il sera difficile d'incriminer le gouvernement précédent".

Avec Julien Ponthus