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Jean-Marc Ayrault balise le chemin du président au Maroc

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par Elizabeth Pineau CASABLANCA, Maroc (Reuters) - Jean-Marc Ayrault a plaidé mercredi pour une redynamisation du "partenariat d'exception" entre...

par Elizabeth Pineau

CASABLANCA, Maroc (Reuters) - Jean-Marc Ayrault a plaidé mercredi pour une redynamisation du "partenariat d'exception" entre la France et le Maroc, prônant notamment une relance des relations économiques avec le royaume où François Hollande est attendu début 2013.

Pour sa première visite au Maghreb, le Premier ministre français a voulu rassurer les Marocains sur l'équilibre que Paris entend respecter dans ses relations avec Rabat et Alger, où le président français est attendu la semaine prochaine.

La presse marocaine s'est fait l'écho du "tropisme algérien" de la France, dont les nouveaux présidents élus avaient jusqu'ici pour tradition de venir d'abord au Maroc.

Jean-Marc Ayrault a dit avoir abordé "très spontanément, d'emblée" la question avec le roi Mohammed VI, qui avait vu François Hollande à Paris juste après sa nomination, en mai.

"Pour lui, ça ne pose aucun problème que le président de la République rende une visite en Algérie et au peuple algérien. Et ensuite il viendra au Maroc", a rapporté le Premier ministre devant la presse à Casablanca. "Pour lui, ça n'a pas d'incidence car il connaît la force de nos relations".

Dans le quotidien Le Matin, Jean-Marc Ayrault affirme que "le partenariat entre la France et le Maroc est singulier et n'a rien à craindre d'un dialogue plus étroit entre Paris et Alger".

François Hollande est attendu les 19 et 20 décembre à Alger pour un voyage présenté côté français comme l'occasion de relancer des relations bilatérales paralysées depuis des années.

A Casablanca, Jean-Marc Ayrault s'est entretenu avec son homologue marocain, Abdelilah Benkirane, issu du Parti de la Justice et du Développement (islamistes modérés) vainqueur des élections législatives de novembre 2011.

"Nous sommes d'une tendance politique dont vous n'avez pas l'habitude", a dit ce dernier devant un parterre de chefs d'entreprises réunis en forum économique. "Les gens n'ont pas voté pour nous, pour notre barbe mais parce qu'on va être un peu plus sérieux dans la gestion des affaires publiques".

"Le Maroc n'est pas un pays fermé, il a toujours été un pays ouvert", a ajouté le Premier ministre, invitant la France à voir son pays non "plus comme un marché, mais comme un partenaire".

Jean-Marc Ayrault a salué de son côté les "réformes de grande ampleur" en cours au Maroc, qui n'a pas connu les bouleversements des "printemps arabes" égyptien et tunisien, où les régimes ont été renversés par la rue.

"COLOCALISATION"

"Le feu a été suffisant pour chauffer la marmite mais pas pour la brûler", a souligné Abdelilah Benkirane.

Le voyage de Jean-Marc Ayrault au Maroc doit être l'occasion de signer des contrats d'une valeur de 300 millions d'euros.

Le Premier ministre, son homologue marocain et le roi ont inauguré le nouveau tramway de Casablanca, construit en partenariat avec les groupes français Alstom et RATP.

La cérémonie a été l'occasion d'un grand rassemblement populaire place des Nations unies, au coeur de la ville. Le tramway, long d'une trentaine de kilomètres, devrait soutenir le développement de la capitale économique du Maroc.

Le volet économique a dominé le discours de Jean-Marc Ayrault devant des centaines de chefs d'entreprises réunis pour le forum économique franco-marocain.

La France est le premier partenaire économique du Maroc, mais sur les huit premiers mois de 2012, elle a perdu au profit de l'Espagne sa place de premier pays fournisseur.

Jean-Marc Ayrault a plaidé pour la "colocalisation", sorte de partenariat permettant de préserver des emplois en France tout en créant dans d'autres pays.

Il a dit la "détermination de la France à accompagner le Maroc sur la voie du progrès", invitant à "maintenir et approfondir le partenariat d'exception qui unit nos deux pays".

Jean-Marc Ayrault a évoqué la ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca, construite avec un soutien financier français, le développement des énergies renouvelables, et a rappelé l'idée défendue par François Hollande d'une "Méditerranée de projets".

La presse a demandé à Jean-Marc Ayrault si ce voyage au Maghreb représentait pour lui une bouffée d'oxygène après un épisode hexagonal notamment marqué par le difficile sauvetage du site industriel mosellan de Florange.

"Tous les chefs de gouvernement sont confrontés à des choses difficiles, c'est vrai pour la France, c'est vrai pour les autres pays d'Europe, c'est vrai aussi pour mon homologue du gouvernement marocain", a-t-il répondu.

"Quand je viens ici au Maroc, cela me permet de relativiser nos problèmes", a-t-il ajouté. "Les Marocains voient dans la France un atout, une force, une grande puissance. Il faut rappeler avec force et conviction que la France est un grand pays, et chaque fois que je me déplace c'est cette force et cette fierté que je ressens et cela me donne encore plus de courage pour faire ce que je dois faire pour la France".

Edité par Marine Pennetier