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Jacques Chirac nie toute faute à son procès, dit son avocat

Par la voix de son avocat Jean Veil, Jacques Chirac a nié vendredi avoir commis une faute et s'est présenté en homme de principes, au dernier de son procès pour détournement de fonds publics, dont il est absent physiquement pour raisons médicales. /Photo

Par la voix de son avocat Jean Veil, Jacques Chirac a nié vendredi avoir commis une faute et s'est présenté en homme de principes, au dernier de son procès pour détournement de fonds publics, dont il est absent physiquement pour raisons médicales. /Photo - -

par Thierry Lévêque PARIS (Reuters) - Jacques Chirac nie toute faute morale ou pénale à son procès pour détournement de fonds publics mais assure se...

par Thierry Lévêque

PARIS (Reuters) - Jacques Chirac nie toute faute morale ou pénale à son procès pour détournement de fonds publics mais assure se soumettre à la justice comme tout citoyen, a affirmé vendredi son avocat en lisant une déclaration de l'ancien président.

Me Jean Veil, qui commençait les plaidoiries en défense de cette audience visant 28 emplois présumés fictifs à l'Hôtel de ville entre 1992 et 1995, a lu ce qu'il présente comme la déclaration que Jacques Chirac comptait lire en mars dernier.

Tout en affirmant avoir toujours voulu y assister, l'ancien président est parvenu à éviter la comparution personnelle, grâce à un argument de procédure en mars dernier d'abord, puis par un certificat médical privé transmis au tribunal début septembre.

Les juges l'ont dispensé d'être présent, sur la base de conclusions médicales faisant état de problèmes de mémoire et "d'importantes erreurs de jugement et de raisonnement".

Selon la déclaration lue, Jacques Chirac voulait dire aux juges : "Citoyen comme un autre, je me présente devant vous qui statuez au nom du peuple français (...) Ce rendez-vous est nécessairement un instant politique. Par-delà les blessures et l'épreuve, il me faut l'assumer comme tel. En République, la justice est la même pour tous."

"Je veux que les Français sachent qu'il n'y a pas deux Chirac, (...) il n'y a qu'un homme fait d'un bloc de chair, de sang et de principes."

ARGUMENTAIRE POLITIQUE

Jacques Chirac conteste dans ce texte l'existence d'un "système" de détournement de fonds à l'Hôtel de ville.

Il y assume la responsabilité entière de l'affaire en dédouanant ses subordonnés, c'est-à-dire ses neuf co-prévenus et en particulier ses ex-directeurs de cabinet. "J'étais le maire, le chef, c'est à moi et à moi seul d'assumer la responsabilité".

"J'affirme n'avoir commis aucune faute, ni pénale, ni morale", ajoute-t-il dans son texte.

Pour le reste, Jacques Chirac reprend les arguments avancés à l'instruction, où, s'il reconnaissait à mi-mot avoir utilisé les fonds publics parisiens pour assurer son cumul de fonctions - député, président du RPR, Premier ministre entre 1986 et 1988, maire, conseiller général -, il parlait de pratiques légales.

"Quand j'ai été élu maire, pour changer les choses en profondeur, il me fallait m'appuyer sur une équipe aux idées neuves", a-t-il expliqué dans le texte lu par son avocat.

Les plaidoiries devaient se poursuivre jusque dans la soirée, et le jugement devait ensuite être mis en délibéré sans doute jusqu'au début de 2012, avant la présidentielle.

Jacques Chirac a l'appui du parquet, qui a requis mardi une relaxe générale en estimant que les 28 emplois visés étaient réguliers et que leurs titulaires avaient bien travaillé, une position vue à gauche comme politique et très critiquée jusque dans les syndicats de magistrats.

Il n'y a plus de plaignant principal dans l'affaire, Jacques Chirac ayant obtenu le retrait de la partie civile de la Ville de Paris en remboursant 500.000 euros alors qu'il nie toute faute, tandis que l'UMP payait 1,7 million.

Le tribunal peut cependant statuer comme il l'entend, notamment en s'appuyant sur les débats à l'audience et le dossier d'instruction.

Il était relevé par les deux juges enquêteurs de l'affaire que les emplois offerts, notamment à des proches ou à leurs épouses, n'avaient aucun intérêt pour les Parisiens.

Il ne s'agit même pas seulement de financement politique illégal puisque de nombreuses personnes n'effectuaient aucun tâche, disait la juge d'instruction Xavière Simeoni.

Elle concluait à un système de détournement de fonds ayant servi à constituer des réseaux d'influence et des appareils politiques en vue de l'accès à l'Elysée.

Edité par Yves Clarisse