Interview du 14-Juillet: Macron veut rompre avec une tradition vieille de 40 ans
Non, Emmanuel Macron ne souscrira pas à la tradition, bien enracinée depuis 40 ans, de l'entretien présidentiel à la tradition. La première interview télévisée accordée par un président de la République un 14 juillet remonte à... 1978. Cette année là, Valéry Giscard d'Estaing ne s'imaginait pas qu'il était sur le point d'instaurer ce qui allait devenir une tradition. Après lui, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont eux aussi prêtés à l'exercice, en apportant chacun une petite touche personnelle.
> Jacques Chirac et les petites phrases cultes
Jacques Chirac, qui a présidé de 1995 à 2007, est le président qui aura marqué les interviews du 14 juillet de ses petites phrases cultes. En 2001, interrogé sur la polémique autour du financement de ses voyages privés, il emploie une expression qui restera dans les annales pour caractériser les sommes desdits voyages. Il déclare :"Elle font pschitt", en écartant les bras.
Trois ans plus tard, il profite de l'interview pour affirmer son autorité vis-à-vis de son ministre des Finances, Nicolas Sarkozy. "Je décide, il exécute", lance-t-il alors.
> Nicolas Sarkozy et la tentative de différenciation
Pour rompre avec les habitudes de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy tente d'instaurer de nouveaux codes, comme l'explique Guillaume Tabard, rédacteur en chef et éditorialiste du Figaro:
"Nicolas Sarkozy au tout début avait cherché à s’en affranchir. À son premier 14 juillet il avait inventé un autre mode d’expression pour casser ce rituel de l’interview télévisée."
En 2011, le président ne prononce que quelques mots à un micro tendu en marge du défilé militaire. "Ce que je peux souhaiter à tous les jeunes Français, c'est de comprendre, de trouver quel est le sens de sa vie", déclare-t-il.
> François Hollande et les messages personnels
François Hollande revient à la tradition, en accordant une interview télévisée dans les normes. Il profite de cette occasion pour adresser quelques messages personnels, notamment sur sa vie privée.
"Je considère que les affaires privées se règlent en privé. Je l’ai dit à mes proches pour qu’ils acceptent scrupuleusement le respect de ce principe" déclare-t-il en 2012, alors qu'il se trouve en pleine tourmente intime.
> Emmanuel Macron, la rupture
Emmanuel Macron a pour sa part décidé de déroger à la tradition. Le chef de l'Etat, qui s'est exprimé il y a quelques jours devant le Congrès à Versailles, a jugé qu'il n'était pas nécessaire de prendre la parole de manière aussi rapprochée.
“Emmanuel Macron lui veut reprendre un peu de distance, un peu de hauteur. Ne pas être un président qui sur-communique comme l’étaient ses prédécesseurs. Et ça s’inscrit finalement dans la nouvelle présidentialité dont il a fait preuve depuis son élection au mois de mai”, explique Jean Guarrigues, historien spécialiste de la Vème République.