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Politique

Hollande s’est pris les pieds dans sa com’

Hervé Gattegno

Hervé Gattegno - -

Bilan critique de la visite de deux jours de François Hollande à Dijon et en Côte d’Or, la première selon l’Elysée d’une série de déplacements en province. On ne peut pas dire que le président ait fait un triomphe…

L’Elysée avait annoncé une opération de reconquête. La presse, comme souvent, a docilement relayé le message avant même que François Hollande ait pris la route. Tout le monde savait que c’était une opération de com’. C’était presque revendiqué : il fallait que le président de la République aille « à la rencontre des Français », qu’il dorme une nuit à Dijon (on nous avait prévenu que ce serait dans le lit du général de Gaulle !) et le miracle allait se produire – on allait voir la fumée blanche sortir des cheminées de la préfecture… Et la confiance allait revenir. Bilan de la visite : rien. Du bruit médiatique et du vide politique.

Est-ce qu’on peut reprocher à François Hollande de faire ce type de visite, alors que tous ses prédécesseurs l’ont fait ?

Autant qu’à ses prédécesseurs. C’est vrai, les présidents font toujours comme si leur seule apparition allait soulever la liesse et guérir les écrouelles, comme par l’imposition des mains – alors que le pouvoir pratique plus l’imposition des revenus… Mais il faut voir que ces mises en scène favorisent l’incident et la moindre perturbation prend un sens politique. C’est ce qui s’est passé lundi avec ce syndicaliste qui a crié un peu fort et que la police a embarqué. L’image disait à la fois l’impopularité du pouvoir et aussi son enfermement. En quelques secondes, Hollande s’est confondu avec Sarkozy. C’est une image qui marquera plus que sa visite dans une usine de pansements…

François Hollande a quand-même plaidé, mardi, qu’un chef d’Etat devait supporter des périodes d’impopularité. Est-ce qu’il n’a pas raison ?

Evidemment. Mais il devient de plus en plus probable que tout son mandat va être une période d’impopularité. La défiance que l’on lit dans les sondages est doublement préoccupante pour François Hollande: 1. Elle vient plus d’une désaffection de son propre électorat que d’une remobilisation de l’opposition. 2. Elle marque un désaveu personnel mais aussi de sa politique puisque Jean-Marc Ayrault est encore plus touché que lui. En gros, une large part de l’opinion de gauche pense qu’il mène une mauvaise politique, et une majorité de Français a le sentiment qu’il ne mène pas de politique du tout.

Il se dit de plus en plus que François Hollande pourrait intervenir à la télévision d’ici la fin du mois. Ce serait une session de rattrapage après cette visite ratée ?

Rien n’est moins sûr parce que le risque, c’est qu’il se mette à nouveau en situation de parler pour ne rien dire. Le fait est qu’il a déjà énormément communiqué – quoi qu’on en pense, bien plus que Nicolas Sarkozy en dix mois au pouvoir ; qu’il n’a à peu près que des mauvaises nouvelles à donner ; et que ces derniers temps, il est surtout obligé de renier un à un ses engagements (sur la croissance, le chômage, le déficit, les retraites…) A ce stade, le problème de François Hollande est moins de rendre sa politique intelligible que de la rendre efficace. Et c’est moins de faire entendre sa parole que d’arriver à la respecter.

Ecoutez ici le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce mercredi 13 mars.

Hervé Gattegno