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Hollande refuse d'envisager une sortie de la Grèce de l'euro

Mariano Rajoy et François Hollande, ce mercredi lors d'une conférence de presse à l'Elysée.

Mariano Rajoy et François Hollande, ce mercredi lors d'une conférence de presse à l'Elysée. - -

La France se refuse à envisager une sortie de la Grèce de la zone euro, une éventualité à laquelle l'Eurogroupe demande à ses membres de se préparer, a déclaré ce mercredi François Hollande.

La France se refuse à envisager une sortie de la Grèce de la zone euro, une éventualité à laquelle l'Eurogroupe demande à ses membres de se préparer, a déclaré mercredi François Hollande. S'exprimant à l'issue d'un déjeuner avec le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, il a confirmé en outre son intention de mettre la création d'euro-obligations au menu du Conseil européen informel de Bruxelles. Pour le nouveau président français, le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) pour le soutien à la croissance et à la liquidité du système financier ainsi que l'octroi d'une licence bancaire au fonds d'urgence de la zone euro (FESF) sont d'autres questions qui devront être discutées par les pays de la monnaie unique dans les semaines qui viennent.

"Convaincre les Européens de garder la Grèce"

"Je ferai tout ce que peux faire, dans la position qui est la mienne, pour convaincre les Grecs de choisir de rester dans la zone euro en respectant les engagements qui ont été pris et pour convaincre les Européens qui pourraient en douter de la nécessité de garder la Grèce dans la zone euro", a-t-il dit lors d'un point de presse commun avec Mariano Rajoy. Prié de dire s'il avait connaissance d'une note d'un comité de l'Eurogroupe recommandant à ses pays membres de se préparer à une éventuelle sortie de la Grèce, il a répondu: "Je n'ai aucune information et d'ailleurs je n'en sollicite pas parce que ça laisserait penser que je me préparerais à cette issue. Je m'y refuse." Evoquant les prochains rendez-vous européens, à commencer par la réunion informelle des chefs d'Etat et de gouvernement ce mercredi soir à Bruxelles, il a réitéré sa volonté d'y discuter de la croissance et des moyens de la favoriser. "Je reviendrai sur ce que l'Europe peut faire très vite, c'est-à-dire dans les douze prochains mois, ce qu'elle serait capable d'engager comme mesures sans que ça pèse sur les Etats pour favoriser l'activité, l'emploi", a-t-il dit.

Un soutien au système bancaire européen

"Parmi les propositions que je mettrai sur la table, il y aura aussi les euro-obligations", a-t-il confirmé en soulignant qu'il le ferait "dans le meilleur des esprits" et "non pas pour être en conflit avec d'autres", à savoir les Allemands qui s'opposent à toute mutualisation des dettes des pays européens. François Hollande et Mariano Rajoy sont d'autre part tombés d'accord sur la nécessité d'un soutien au système bancaire européen, qui souffre de liquidités insuffisantes avec pour conséquence des moyens limités pour accompagner une reprise de la croissance. Le chef du gouvernement espagnol a particulièrement insisté sur ce point, en réaffirmant au passage que Madrid ne solliciterait pas des fonds européens pour recapitaliser ses banques plombées par des créances immobilières dépréciées.
Le président français a estimé que le rôle de la BCE en soutien de la croissance était un sujet et jugé d'autre part souhaitable que le Fonds européen de solidarité financière puisse venir en aide aux banques qui y feraient appel, sans passer par les guichets des Etats. "Autant les Etats ont à faire leur devoir par rapport à leur système bancaire, autant il doit y avoir l'alimentation de la liquidité par la Banque centrale européenne. Mais dès lors qu'a été mis en place un fonds qui va se transformer en Mécanisme européen de solidarité nous devons avoir une utilisation de ces fonds ou de ce mécanisme qui puisse permettre aux banques de se financer correctement", a-t-il dit. Dans ce cadre, il a remis sur le tapis l'idée que le FESF et son successeur, le MES, disposent d'une licence bancaire, ce qui leur permettrait de se refinancer auprès de la BCE. Ce projet, évoqué l'an passé, soulève une forte opposition en Allemagne.
Après sa conférence de presse, François Hollande a pris le chemin de Bruxelles, qu'il a gagné par le train, rompant ainsi avec les pratiques de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui a utilisé les avions présidentiels en toutes circonstances.