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Politique

Hollande déclare la France responsable de la rafle du Vel' d'Hiv

François Hollande a rompu dimanche avec l'héritage de son mentor socialiste François Mitterrand en admettant la responsabilité historique de la France dans la gigantesque rafle de juifs "du Vélodrome d'hiver" commise en juillet 1942 à Paris par la police

François Hollande a rompu dimanche avec l'héritage de son mentor socialiste François Mitterrand en admettant la responsabilité historique de la France dans la gigantesque rafle de juifs "du Vélodrome d'hiver" commise en juillet 1942 à Paris par la police - -

PARIS (Reuters) - François Hollande a reconnu dimanche la responsabilité historique de la France dans la gigantesque rafle de juifs "du Vélodrome...

François Hollande a reconnu dimanche la responsabilité historique de la France dans la gigantesque rafle de juifs "du Vélodrome d'hiver" commise en juillet 1942 à Paris par la police française au service de l'occupant nazi. Sur ce sujet resté longtemps un tabou de la France d'après-guerre, le chef de l'Etat a ainsi confirmé la première déclaration en ce sens formulée en 1995 par Jacques Chirac, mais surtout brisé l'ambiguïté entretenue sur le sujet par le premier président socialiste de la Ve, François Mitterrand.
"La vérité, c'est que la police française s'est chargée d'arrêter des milliers d'enfants et de familles. (...) La gendarmerie les a escortés jusqu'aux camps d'internement. La vérité c'est que le crime fut commis en France par la France", a-t-il dit lors d'un discours de commémoration à Paris. "La vérité c'est que le crime du Vel' d'Hiv' fut aussi commis contre la France, contre son honneur, contre ses valeurs, contre son idéal", a-t-il ajouté. Il a rappelé que des milliers de personnes ciblées ce jour-là avaient pu survivre en étant prévenues au préalable par des Français qui s'opposaient à cette politique.

« Ces heures noires souillent à jamais notre histoire »

Lors d'une rafle à Paris et en banlieue menée par la police française et soigneusement préparée, 13.152 juifs étrangers réfugiés en France dont plus de 4.000 enfants avaient été arrêtés, internés dans le Vélodrome d'hiver, dans le XVe arrondissement. Le bâtiment ne fut rasé qu'en 1959. Conduits dans les camps français de Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, où les enfants furent séparés des parents, tous furent ensuite acheminés vers les camps d'extermination nazis, dont Auschwitz. Les survivants furent à peine quelques centaines. Ce fut l'acte le plus grave de la politique de collaboration avec l'occupant nazi décidée par le gouvernement de Vichy et son chef, le maréchal Pétain. Il y eut au total 76.000 juifs déportés de France sous l'occupation, un quart de la communauté. Il y eut 2.500 survivants.
Aucun chef d'Etat de la Ve ne souhaita d'abord aborder ce problème. François Mitterrand suscita de vives critiques en refusant de présenter des excuses au nom de la France, expliquant que la République n'était pas comptable des actes d'un autre régime. Le premier président socialiste de la Ve avait occupé un poste subalterne dans l'administration de Vichy avant d'être résistant, et fut surtout toute sa vie l'ami personnel de René Bousquet, chef de la police de Vichy et organisateur de la rafle du Vel' d'Hiv', tué par un déséquilibré en 1993. François Mitterrand créa cependant une journée de commémoration nationale de la rafle en 1993. Jacques Chirac fut ensuite le premier en 1995 à briser le tabou en admettant la responsabilité du pays. "Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français. (...) La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable".