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Hollande a besoin d'une majorité claire pour tenir tête à Merkel

François Hollande a besoin d'une majorité claire et stable pour tenir tête à Angela Merkel dans les difficiles tractations sur la relance de la croissance en Europe et la mise en place d'une union budgétaire et bancaire dans la zone euro. /Photo prise le

François Hollande a besoin d'une majorité claire et stable pour tenir tête à Angela Merkel dans les difficiles tractations sur la relance de la croissance en Europe et la mise en place d'une union budgétaire et bancaire dans la zone euro. /Photo prise le - -

par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - François Hollande a besoin d'une majorité claire et stable pour tenir tête à Angela Merkel dans les difficiles...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - François Hollande a besoin d'une majorité claire et stable pour tenir tête à Angela Merkel dans les difficiles tractations sur la relance de la croissance en Europe et la mise en place d'une union budgétaire et bancaire dans la zone euro.

Autant de sujets qui seront à l'ordre du jour du Conseil européen des 28-29 juin, avec les rebondissements de la crise grecque, le sauvetage des banques espagnoles et les abandons de souveraineté suggérés par la chancelière allemande pour prix d'un renforcement de la solidarité au sein de la zone euro.

Le nouveau président français, favorable à la mutualisation de la dette des pays de la monnaie unique par la mise en place d'euro-obligations à laquelle s'oppose jusqu'ici Berlin, pourrait lui répondre dans les jours à venir.

La perspective, ouverte par les résultats du premier tour des législatives, d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale sans la nécessité de rechercher l'appui du Front de gauche, renforcerait sa main face à une Angela Merkel forte, pour sa part, du dynamisme de l'économie allemande.

"C'est un élément qui peut jouer, surtout combiné avec la situation politique intérieure allemande", estime Yann-Sven Rittelmeyer, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

"L'accord trouvé la semaine dernière sur la taxe sur les transactions financières entre la coalition gouvernementale et le SPD est le genre d'évolution qui peut être renforcée par une majorité absolue pour le PS", explique-t-il. "C'est quelque chose qui peut aider le SPD dans sa stratégie de pression."

Une stratégie à laquelle François Hollande a lui-même apporté sa pierre pendant sa campagne présidentielle en se rendant auprès des dirigeants sociaux-démocrates allemands faute d'être reçu par la chancelière.

Angela Merkel a besoin des sociaux-démocrates et des Verts allemands pour faire ratifier le pacte budgétaire européen et le Mécanisme européen de stabilité (MES). L'accord sur la TTF est une des contreparties à ce soutien.

Inversement, le scénario d'une majorité relative du PS et de ses alliés, qui contraindrait François Hollande à composer avec le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, inquiète Berlin.

INCERTITUDES

"Il est sûr que devoir composer avec le Front de gauche est une donnée qui fait assez peur en Allemagne, y compris au SPD", souligne Yann-Sven Rittelmeyer.

A en juger par le premier tour des élections législatives, qui a confirmé dimanche une forte bipolarisation de la vie politique française, François Hollande disposera bien au soir du 17 juin d'une majorité à l'Assemblée nationale. Mais des incertitudes demeurent sur son ampleur et sa composition.

Selon les projections en nombre de sièges des instituts de sondage, la majorité absolue est à la portée du Parti socialiste et de ses alliés radicaux de gauche et chevènementistes - ce qui constituerait le meilleur cas de figure - mais pas garantie.

"J'ai tendance à croire que ça va passer juste, que les mobilisations entre les deux tours vont jouer en la faveur de Hollande", estime cependant Xavier Chinaud, spécialiste des rapports électoraux, proche du centre-droit.

L'élimination dès le premier tour de Jean-Luc Mélenchon, qui était allé défier la présidente du Front national, Marine Le Pen, à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, est "plutôt une bonne nouvelle" pour le président français, ajoute-t-il.

"C'était l'incarnation de la surenchère", explique Xavier Chinaud. "Un dialogue avec les communistes (membres du Front de gauche-NDLR) sera plus simple qu'avec Mélenchon superstar. Il devient difficile pour eux d'avoir trop de prétentions."

La constitution d'une majorité absolue avec les futurs élus d'Europe Ecologie-Les Verts, constituerait, du point de vue de Berlin, un moindre mal, tant la participation des écologistes au jeu du pouvoir fait partie du paysage politique allemand.

"La nécessité de trouver un accord politique avec les Verts en France poserait moins de problème à l'Allemagne qu'un accord avec le Front de gauche. Ça ne changerait pas considérablement la donne", explique Yann-Sven Rittelmeyer.

"Les Verts ont assumé des responsabilité en Allemagne pendant de nombreuses années. Ils sont traditionnellement alliés aux sociaux-démocrates au niveau national", ajoute-t-il. "Et, au niveau régional, il y a déjà eu des alliances entre la CDU (d'Angela Merkel) et les Verts."

Edité par Yves Clarisse