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Harlem Désir et le PS tirent à boulets rouges sur la droite

Harlem Désir

Harlem Désir - -

A l’issue de leur Congrès ce week-end à Toulouse, le PS a un nouveau patron. Dimanche, Harlem Désir a prononcé son 1er discours de 1er secrétaire du PS. Il a défendu Jean-Marc Ayrault "un homme juste" tout en démolissant la droite "en voie de "lepénisation".

Harlem Désir a affiché dimanche le soutien sans faille du Parti socialiste à l'égard de l'exécutif et s'en est pris à la "vieille droite revancharde" qui tente, selon lui, d'abîmer les réformes engagées par de petites polémiques "stériles". Le nouveau premier secrétaire du parti, qui succède à Martine Aubry, a clos à Toulouse un 76e congrès du PS presque entièrement voué à la défense de l'action du gouvernement. "Le changement est en marche, il est concret et je veux le dire solennellement en votre nom, le Parti socialiste est fier de ce qui a déjà été accompli en six mois et des engagements tenus par le gouvernement", a-t-il dit. Harlem Désir, qui tente d'imprimer sa marque à la tête du PS, a retrouvé les accents militants de ses débuts à SOS Racisme pour riposter durement à la droite, qui multiplie les salves contre la cacophonie, l'amateurisme et les reculades supposées de la majorité.
"Leur seul projet, c'est le sarkozysme en pire", a-t-il dit en ironisant sur le "duel de réactionnaires" entre l'ex-Premier ministre François Fillon et Jean-François Copé pour la direction de l'UMP. "J'ai l'impression qu'à chaque fois que M. Fillon fait une proposition, il déchire une page du code du travail", a-t-il ironisé. "Quant à M. Copé, M. Fillon est peut être sur le point de lui voler son pain au chocolat mais ce n'est pas une raison pour empoisonner toute la France en jouant avec les peurs, les amalgames et les préjugés." Pour le nouveau dirigeant du PS, la "droite forte" n'est qu'une "droite faible face au Front national et je dirai même : une droite qui a un faible pour le Front national".

Ayrault assume et revendique

Harlem Désir ayant été élu - pré-désigné disent ses détracteurs - avant même le congrès, les travaux de Toulouse n'avaient guère d'enjeux, d'autant que la future équipe dirigeante ne sera pas annoncée avant le 17 novembre. Les difficultés de l'exécutif ont cependant donné l'occasion aux 3.000 militants, élus et ministres présents de mener une contre-offensive face à la droite. Jean-Marc Ayrault, est apparu samedi droit dans ses bottes devant les militants et a revendiqué haut et fort sa méthode basée sur la négociation et la recherche du consensus. "Non seulement j'assume, mais je revendique", a-t-il dit en défendant son bilan et en attaquant âprement "la vieille droite bourgeoise".
Les hiérarques du parti ont nié toute morosité dans les rangs militants. "Déprimés, sûrement pas. Concentrés, oui", a dit le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone. Harlem Désir, qui ne suscitait guère l'enthousiasme des militants jusque-là, a semblé vouloir faire acte d'autorité, en mettant une partie de la fédération de Marseille sous tutelle, par exemple. Les barons qui l'ont fait roi - des ministres proches de François Hollande - exigent en même temps de la loyauté de la part de l'ancien président de SOS Racisme, qui sera encadré par des membres de la jeune garde, dont Guillaume Bachelay, choisi comme numéro 2.

Désir "à la hauteur"

Pour Pierre Cohen, maire de Toulouse et hôte du congrès, Harlem Désir est l'homme de la situation : "Il est à la hauteur, il a su dans le passé relever des défis qui n'étaient pas simples", comme la lutte antiraciste. À la tête d'une motion rassemblant la quasi-totalité des "éléphants" du PS et membres du gouvernement, Harlem Désir a obtenu à la mi-octobre une victoire sans relief (72,45%) face à Emmanuel Maurel (27,55%), nouvelle figure de la gauche du parti.
Mais le nouveau dirigeant s'est engagé à associer toutes les sensibilités dans les nouvelles instances dirigeantes. Là encore, tout a été négocié quelques jours avant le rendez-vous de Toulouse, pour éviter les déchirements qui avaient marqué les précédents congrès, en particulier celui de Reims il y a quatre ans. Harlem Désir a également promis à Toulouse de faire en sorte que le PS conserve "un temps d'avance" et reste "un parti pionnier" en se mobilisant contre le cumul des mandats, la parité ou la transition écologique, notamment. Il a en particulier proposé à la tribune de supprimer tout financement public pour les partis politiques qui ne respectent pas la parité hommes-femmes. Martine Aubry, qui a passé quatre ans à la tête du PS, s'est dite "heureuse" ce week-end de transmettre le flambeau à son successeur, qu'elle a décrit en homme de convictions et européen convaincu. "Harlem est d'abord un militant et pour moi quand je dis militant, c'est majeur. C'est l'essentiel. Des convictions accrochées au coeur", a-t-elle dit samedi.