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Hamon et Montebourg: deux stratégies différentes pour peser

Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, deux anciens ministres qui comptent bien faire parler d'eux.

Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, deux anciens ministres qui comptent bien faire parler d'eux. - Martin Bureau - Fred Dufour - AFP

Les deux anciens ministres ont réuni leurs proches ce week-end. Chacun entend peser sur la suite du quinquennat, avec des stratégies différentes.

Deux anciens ministres, deux démissionnaires. Ce week-end a marqué la rentrée de Benoît Hamon et Arnaud Montebourg. Tous deux veulent peser sur la suite du quinquennat, mais chacun a sa stratégie: Benoît Hamon entend rassembler au sein du PS pour, pourquoi pas, en prendre la tête, quand Arnaud Montebourg veut créer une dynamique autour de lui, à l'extérieur.

Chacun l'a dit ce week-end à ses troupes, à l'occasion de deux rassemblements politiques, premiers rendez-vous depuis que les ex-ministres de l'Education et de l'Economie sont sortis du gouvernement fin août après leurs propos contre la politique économique menée par l'exécutif.

Hamon veut le "rassemblement de la gauche"

A Vieux Boucau, Benoît Hamon l'assure à ses militants d'"Un monde d'avance": il veut le "rassemblement de la gauche" avec les écologistes et les communistes, n'acceptant pas de voir sa "famille politique échouer". Car le désormais député des Yvelines le répète: "il n'est pas dans l'opposition" au gouvernement et n'a qu'une idée: que la gauche "retrouve la confiance avec le peuple".

"VIe République", élaboration d'une "doctrine de l'Etat providence", nouvelle conception de la politique économique reposant sur une "croissance modeste" mais qui devra être "intense en emplois et sobre écologiquement"..., l'ex-ministre dresse cinq chantiers de travail à mener. Certains militants de son courant y voient une "esquisse de projet socialiste pour 2017".

"Benoît Hamon est convaincu que lui qui est dans le même parti que Manuel Valls, mais aussi extrêmement à l'aise avec Cécile Duflot et Pierre Laurent, peut être un bon point d'équilibre au PS et parvenir à faire la jonction de la gauche", témoigne un cadre ancien dirigeant des jeunesses socialistes. Cécile Duflot et Pierre Laurent, justement sont là pour le meeting commun de clôture. La député écologiste, qui dit se sentir "plus socialiste" que Manuel Valls, réclame une "invention collective", celle de "retrouver la voie d'un projet de transformation sociale". 

Montebourg donne "rendez-vous en 2016"

A 600 kilomètres de là, à Laudun-l'Ardoise, Arnaud Montebourg dénonce lui aussi l'"obsession" de la réduction des déficits et la "politique d'austérité" du gouvernement. Or c'est en train de devenir l'"erreur fondamentale" du quinquennat, estime-t-il, sans jamais citer François Hollande. Rappelant sa "règle des trois tiers" qui permettrait davantage de redistribution aux ménages, l'ex-ministre du Redressement productif déplore un gouvernement qui "se claquemure".

Comment se voit celui qui n'est plus que conseiller général et veut "monter sa propre boîte", selon son entourage? Comme un "citoyen engagé" qui veut continuer "à s'exprimer", répond-il, estimant qu'il y a "beaucoup de choses à faire" pour la "réinvention de la gauche". Y compris rêver à 2017? "Je vous donne rendez-vous en 2016", se contente-t-il de dire, alors que ses soutiens rêvent d'une nouvelle primaire.

Les deux expressions peuvent-elles s'unir, alors que l'impression de dispersion pouvait prévaloir ce week end? Arnaud Montebourg assure "faire un bloc intellectuel et politique", avec son ex-collègue Hamon, tout comme avec Aurélie Filippetti, l'ex-ministre de la Culture elle aussi sortie du gouvernement. Christiane Taubira aurait aussi pu en être mais elle a choisi de rester au gouvernement pour mener à bien certains chantiers, a glissé Arnaud Montebourg. Il cite au passage Martine Aubry, en soulignant que "sa voix nous manque", "il est temps qu'elle dise ce qu'elle a à nous dire".

"Vous aurez souvent l'occasion de nous voir ensemble" avec Arnaud Montebourg, a lui assuré Benoît Hamon. Celui-ci est persuadé que les deux courants de l'aile gauche, le sien et "Maintenant la gauche", en université de rentrée aussi dans l'Essonne ce week-end, et la voix que représente Arnaud Montebourg ne se réuniront pas séparément l'an prochain. Reste qu'au vu des guerres de chapelles vues par le passé dans ce parti, la situation pourrait peut être se révéler plus compliquée, au moment d'élaborer une motion commune, au prochain congrès, dont la date n'est toujours pas connue.

A. K. avec AFP