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Guaino: "Le droit des femmes ne va pas être réglé par le massacre de la langue"

Henri Guaino, député UMP des Yvelines.

Henri Guaino, député UMP des Yvelines. - Capture d'écran BFMTV.

143 députés UMP demandent à Claude Bartolone l’annulation de la sanction à l’encontre de leur homologue, qui avait dit "madame le président" au lieu de "madame la présidente" lors d’une séance dans l’hémicycle. Henri Guaino, l'un des instigateurs de la pétition, était ce vendredi soir l'invité de Ruth Elkrief.

Pour avoir appelé Sandrine Mazetier, la présidente de séance de l’Assemblée nationale, "madame le président" (et non "madame la présidente") lundi dernier, le député UMP Julien Aubert se voit privé ce mois-ci d’un quart de son indemnité parlementaire. Une sanction contre laquelle s’élèvent 143 députés UMP dans une tribune publiée sur le site internet du Figaro. Ces derniers réclament l’annulation de cette sentence à Claude Bartolone, le président de l’Assemblée. Selon eux: "Comme l'a fait remarquer le député Julien Aubert, en français, "la présidente" désigne la femme du président. Faut-il ajouter que "le président", comme "le juge", "le préfet", "le professeur", "le commissaire", "le ministre", expriment en français non la masculinité de la fonction mais sa neutralité par rapport au genre."

"Les règles de la langue française ne se font pas à l'Assemblée"

Invité de Ruth Elkrief sur BFMTV, Henri Guaino, député UMP des Yvelines et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, a défendu sa position. "On marche sur la tête, le fait qu’on puisse, en France, coller une amende à quelqu’un pour s’être exprimé en français dans l’hémicycle! La règle c’est de parler le français et ce n’est pas une insulte de dire "madame le président." Moi-même je continuerai à dire "madame le président", "madame le ministre", "madame le procureur"".

Henri Guaino a rappelé que "les règles de la langue française ne se font pas à l'Assemblée, mais par l’usage, sous l’autorité de l’Académie française." Ruth Elkrief a argué, citant des féministes, que la langue était amenée à évoluer avec la société: "La règle du masculin qui l’emporte est une notion récente, instaurée par le grammairien Vaugelas pour entériner la supériorité de l’homme." Pas de quoi convaincre le député UMP: "Ce n’est pas l’Assemblée nationale qui fait la langue, personne ne m’imposera une façon de parler le français. Ça ne me choque pas que l’usage crée des présidentes mais ça ne peut pas tomber sous le coup de la loi. Si on accepte ça, on accepte l’abus de pouvoir et l’entrée dans une société totalitaire."

"Le niveau zéro du débat politique"

Selon lui, Claude Bartolone et Sandrine Mazetier "se sont appuyés sur l’article 19, qui ne concerne que le compte rendu écrit: la personne qui préside peut demander à être désignée dans ce compte rendu par madame le président, ou madame la présidente, mais aucune règle n’impose de le dire."
Pour Catherine Coutelle, députée PS, les UMP disent ainsi leur refus de voir des femmes accéder aux plus hautes responsabilités. Une polémique que Henri Guaino trouve hors de propos: "Madame Coutelle a le droit d’être une idéologue du féminisme sourde à toute raison, nous ne sommes pas d’affreux machistes, c’est un raisonnement absurde. On est au niveau zéro du débat politique. Le droit des femmes ne va pas être réglé par la féminisation des fonctions et le massacre de la langue" et de détailler: " "Professeure", "défenseuse", "rapporteure", l’effroyable sonorité de ces mots suffit à discréditer cette démarche."

Henri Guaino a vivement rappelé ce que lui et les signataires de la pétition attendaient désormais de Claude Bartolone: "Qu’il fasse ce pour quoi il a été élu, qu’il fasse en sorte que les choses s’apaisent, sous peine que cela devienne invivable." Et de conclure: "Le président [de l'Assemblée nationale] n’est pas le président d’un camp, ou d’une majorité, mais de tous les parlementaires. On utilise des pouvoirs conférés à d’autres fins pour faire avancer une idéologie. Le président de l’Assemblée nationale, qui n’était pas l’auteur de cet abus de pouvoir, l’a couvert, et n’a pas osé le désavouer, c’est une faute extrêmement grave" a-t-il encore souligné.

C.B.