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Politique

Grandes manoeuvres en Corse, arbitrées par les nationalistes

Les grandes manoeuvres ont commencé en Corse où la liste d'union de la gauche emmenée par Paul Giacobbi, arrivée en tête au second tour des régionales, devra attendre le "troisième tour" pour emporter la région. /Photo d'archives/REUTERS

Les grandes manoeuvres ont commencé en Corse où la liste d'union de la gauche emmenée par Paul Giacobbi, arrivée en tête au second tour des régionales, devra attendre le "troisième tour" pour emporter la région. /Photo d'archives/REUTERS - -

par Pierre Constantini AJACCIO - Les grandes manoeuvres ont commencé en Corse où la liste d'union de la gauche emmenée par Paul Giacobbi, arrivée en...

par Pierre Constantini

AJACCIO (Reuters) - Les grandes manoeuvres ont commencé en Corse où la liste d'union de la gauche emmenée par Paul Giacobbi, arrivée en tête au second tour des régionales, devra attendre le "troisième tour" pour emporter la région.

Après 26 ans de gestion de droite, il a en effet manqué deux élus au président radical du conseil général de Haute-Corse pour atteindre la majorité absolue de 26 sièges sur 51.

Bien qu'il puisse en théorie pouvoir se contenter d'une majorité relative, Paul Giacobbi a jusqu'à jeudi, lors de l'élection de l'exécutif, pour s'assurer une marge de manoeuvre.

Toute la difficulté consiste pour lui à séduire une fraction suffisante de nationalistes voire de libéraux, sans pour autant s'aliéner la frange la plus opposée à leur entrée à l'exécutif. Les communistes et certains radicaux de gauche, derrière l'ancien ministre Emile Zuccarelli, étant parmi leurs plus farouches adversaires.

Pour Dominique Bucchini (PCF), pressenti comme futur président de l'Assemblée de Corse, "les objectifs communs du Front de gauche sont suffisants pour réaliser un travail d'union même en disposant d'une majorité relative."

Mais "sur le Foncier et la langue corse, des espaces de dialogue peuvent être ouverts avec tout le monde", nuance-t-il.

Pour Paul Giacobbi, il y a donc nécessité de multiplier les contacts et d'utiliser les réseaux d'influence du sérail politique.

Mais les nationalistes, qui ont séduit un électeur sur trois, ne l'entendent pas de cette oreille.

ACCORD AVEC LA DROITE PRATIQUEMENT EXCLU

En se présentant en ordre dispersé au suffrage des électeurs, ils ont en effet réussi à doubler leurs voix par rapport à il y a six ans, quand ils étaient unis sous la bannière d'Unione naziunale.

Si l'on ajoute aux voix des autonomistes de Femu a Corsica (25,89%) celles des indépendantistes de Corsica Libera (9,85%), les nationalistes deviennent la deuxième force politique de l'île.

Paul Giacobbi devrait donc se tourner d'abord vers les modérés de Gilles Simeoni, qui au-delà de leur propre électorat, ont ramassé les voix de nombreux mécontents, d'électeurs du Front national à des sympathisants de gauche farouchement anticommunistes.

Or, Gilles Simeoni estime qu'outre un rapprochement avec les quatre élus du mouvement indépendantiste de Jean-Guy Talamoni, Femu a Corsica a "en même temps la volonté d'engager un dialogue, très soutenu, non seulement avec toutes les forces politiques représentées à l'assemblée de Corse, mais également avec l'ensemble des Corses".

Pour le leader nationaliste, "il est hors de question de s'engager dans une logique de bloc contre bloc, qui reproduirait ce que les nationalistes ont toujours dénoncé, notamment à propos des maoeuvres électorales de la gauche."

De son côté, Jean-Guy Talamoni affirme que son groupe a discuté avec tout le monde durant des années, mais que "la priorité est d'abord au dialogue entre nationalistes pour discuter ensemble de la poursuite des opérations."

Interrogé par RCFM (France bleu corse) sur l'éventualité d'une gouvernance avec une simple majorité relative, Paul Giacobbi a dit croire "à la raison de tous ceux qui pourront tomber d'accord sur un certain nombre d'objectifs, dans l'intérêt général, en tenant compte de la volonté de changement des Corses."

Le futur président de l'exécutif a souligné avoir engagé des tractations avec les représentants des trois autres listes.

"Mais il y a eu une sévère sanction de la droite et il serait difficile d'établir un accord de gouvernement avec ceux qui en ont spectaculairement fait les frais", a-t-il précisé.

Edité par Gérard Bon