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Visite de Manuel Valls aux Antilles sur fond de violences

Manuel Valls s'est envolé pour une tournée de quatre jours aux Antilles.

Manuel Valls s'est envolé pour une tournée de quatre jours aux Antilles. - -

En pleine affaire Leonarda, où il est directement pointé du doigt, Manuel Valls s'est envolé mercredi en Martinique et en Guadeloupe pour y parler sécurité et délinquance.

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, se rend ce mercredi dans une zone de sécurité prioritaire (ZSP) à Fort-de-France, en Martinique. Une première étape d'une tournée de quatre jours aux Antilles, confrontées à une explosion de la délinquance.

Une visite qui intervient alors que Manuel Valls est, une nouvelle fois, au coeur d'une vive polémique au sein de la majorité de gauche après l'expulsion controversée de Leonarda, une collégienne kosovare de 15 ans.

En Martinique, puis en Guadeloupe, le ministre de l'Intérieur a prévu de se rendre dans des ZSP, son "bébé" créé il y a un an pour lutter contre la délinquance dans les zones sensibles.

38 meurtres en Guadeloupe cette année: un triste record

Fort-de-France est l'une de ses ZSP. Le ministre doit y rencontrer, dès son arrivée, les riverains et commerçants du quartier des Terres-Sainville et "échanger" avec les polices nationale et municipale qui y composent une "brigade de sécurité de proximité".

Jeudi, il s'attellera, toujours en Martinique, aux problèmes de drogue endémiques aux Antilles en raison de leur situation géographique stratégique pour les trafiquants. Avec démonstration d'une interception en mer d'un "go-fast", convoyage de drogue à grande vitesse.

Le ministre visitera, jeudi, l'autre ZSP des Antilles en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre/Les Abymes. Depuis début 2013, 38 meurtres ont été répertoriés en Guadeloupe, un "record" en France selon les forces de l'ordre.

Manuel Valls se rendra, vendredi soir, à Saint-Martin. Avant de repartir, samedi, pour la métropole.

La visite de Manuel Valls ? "Du cinéma"

"C'est du cinéma!", s'est exclamé le syndicaliste guadeloupéen, Elie Domota, quant à la visite du ministre. "Que va dire Manuel Valls? Que c'est un pays violent, appeler à un sursaut républicain, donner quelques gendarmes, quelques policiers de plus? Ça ne va rien changer", a ajouté le porte-parole du LKP, un collectif anti-exploitation.

Pour Elie Domota, dont le collectif fut le fer de lance de la crise sociale de 2009 en Guadeloupe, "le nœud du problème, c'est le développement économique".

Le taux de chômage aux Antilles est deux fois plus important que la moyenne nationale: 22,9% en Guadeloupe et 21% en Martinique. Le chômage des moins de 25 ans est encore plus alarmant, avec plus d'un jeune actif sur deux sans emploi.

Un récent bilan statistique de la délinquance, publié la semaine dernière par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, fait apparaître une dégradation de la situation dans de nombreux domaines aux Antilles. Cambriolages et violences aux personnes y sont notamment en forte hausse outre la série noire des homicides.

Pour l'entourage du ministre, la situation aux Antilles "ne peut être comparée" avec celle de Marseille "par exemple". "Nous n'avons pas affaire à des règlements de comptes issus des trafics de drogue, il y a des violences familiales, des homicides liés à l'alcool et à la paupérisation". "C'est inquiétant, on ne peut le nier, mais il faut avancer de manière raisonnée", a-t-il conclu.

S.Desfarges avec AFP