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Violences sexuelles: Aurore Bergé appelle à "changer le Code pénal" après une tribune réclamant une loi intégrale

Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, le 12 janvier 2024

Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, le 12 janvier 2024 - THOMAS SAMSON / AFP

Après la tribune #MeToo de 147 personnalités publiée dans Le Monde ce mardi 14 mai, la ministre chargée de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé a plaidé en faveur d'un changement du Code pénal sur la notion de consentement.

À l'occasion des questions au gouvernement qui avaient lieu à l'Assemblée nationale ce mardi 14 mai, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations Aurore Bergé a répondu à la tribune publiée par une centaine de personnalités en ce jour d'ouverture du Festival de Cannes.

"Qui nous écoute?", s'interroge la centaine de signataires de cette pétition signée dans les colonnes du journal Le Monde par plusieurs actrices phares du cinéma français telles qu'Isabelle Adjani, Judith Godrèche ou encore Juliette Binoche.

"Malgré le courage des victimes, l'impunité grandit"

"Depuis sept ans, nous parlons pour nous et pour toutes les femmes, hommes et enfants qui ne peuvent pas le faire" mais "malgré le courage des victimes, l'impunité grandit", dénoncent ces personnalités dans les pages du quotidien, soulignant que le taux de classement sans suite des plaintes pour violences sexuelles a atteint le taux délirant de 94% en 2022".

Au milieu de l'hémicycle ce jour, Aurore Bergé a pris le micro pour réclamer "un changement du Code pénal" sur la notion de consentement, alors que mi-mars lors d'un échange avec une association féministe, le président Emmanuel Macron s'était dit favorable à son inscription dans le droit français.

La ministre appelle ainsi à aller plus loin que les mesures déjà mises en place par le gouvernement au sujet des violences sexistes et sexuelles. Ce qu'on a fait "ne suffit pas et c'est la raison pour laquelle cette réalité qui se joue dans notre intimité doit nous permettre d'appréhender la notion du consentement", a-t-elle déclaré.

"C'est pour cela", selon elle, "que nous devons changer notre code pénal, appréhender de manière globale ce que veut dire le consentement et l'appréhender dès le plus jeune âge. Mieux le caractériser pour mieux condamner, pour avoir des taux plus effectifs de condamnations".

"Ça se passe dans notre intimité, dans nos familles"

La ministre en charge de la lutte contre les discriminations a également rappelé que derrière la centaine de signataires de cette tribune, "des milliers et des millions" de Français "ont subi, subissent ou pourraient subir des agressions sexuelles, des viols et des coups". "C'est ça la réalité. C'est une réalité assez terrifiante que nous n'avons pas forcément envie de regarder en face, parce que dans 9 cas sur 10, une femme victime d'agressions sexuelles ou de viol connaît son agresseur".

"Ça se passe dans notre intimité, dans nos familles. Ça se passe dans nos maisons, dans notre environnement professionnel", a poursuivi Aurore Bergé.
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Sous les yeux des parlementaires, elle a aussi transposé cette réalité statistique nationale à l'échelle de l'hémicycle de l'Assemblée nationale. "Quand je regarde cet hémicycle, il y a peut être des femmes qui ont vécu des agressions sexuelles ou des viols", a débuté Aurore Bergé, avant de poursuivre:

"Réalité plus terrifiante encore, ça veut dire que statistiquement, il y a potentiellement des agresseurs (face à elle). C'est cette réalité que nous devons collectivement adresser, non pour pointer du doigt ou dire que tous les hommes seraient des agresseurs. Ça n'est évidemment pas mon point, mais pour considérer qu'enfin, c'est une question qui doit concerner l'ensemble de notre société".

À l'heure actuelle, l'article 222-23 du Code pénal définit le viol comme "tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV