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Gouvernement

Valls en Israël et dans les Territoires palestiniens pour relancer le processus de paix

Manuel Valls entame ce samedi soir un voyage officiel de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens.

Manuel Valls entame ce samedi soir un voyage officiel de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens. - Charly Triballeau - AFP

Le Premier ministre réalise un voyage officiel de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens, où il rencontrera notamment son homologue israélien, Benjamin Netanyahu.

C'est un déplacement toujours délicat. Manuel Valls a entamé samedi soir un voyage de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens, où il compte défendre l'initiative française pour relancer le processus de paix, face au doute grandissant d'échec après la colère d'Israël contre un récent vote de la France à l'Unesco.

Connu et apprécié en Israël pour son combat contre l'antisémitisme en France, le Premier ministre va-t-il parvenir à infléchir la ligne de l'Etat hébreu qui, pour l'heure, ne veut pas entendre parler d'autre chose que de négociations bilatérales avec les Palestiniens? Manuel Valls arrive au Proche-Orient une semaine après la réception extrêmement fraîche réservée par Benjamin Netanyahu au chef de la diplomatie Jean-Marc Ayrault, devant lequel le Premier ministre israélien, indéboulonnable depuis sept ans, a mis en doute "l'impartialité" de l'initiative française.

Objectif: relancer le processus de paix

"Manuel Valls y va en étant parfaitement conscient de la réaction israélienne, pour continuer le dialogue et poursuivre ce travail de conviction, que cette initiative française n'est pas contre les Israéliens mais dans leur intérêt", indique-t-on à Matignon.

Le Premier ministre sera jusqu'à lundi midi côté israélien, à Tel Aviv puis à Jérusalem, une visite ponctuée par une rencontre avec Benjamin Netanyahu à la mi-journée. Il se rendra ensuite côté palestinien, à Bethléem, Jérusalem-Est et enfin à Ramallah. Il y rencontrera le Premier ministre Rami Hamdallah.

La France tente actuellement de mettre sur pied une conférence internationale afin de relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, au point mort depuis l'échec en avril 2014 de la dernière initiative américaine.

Prévue initialement fin mai, cette conférence a été reprogrammée le 3 juin pour permettre à John Kerry d'y assister, a annoncé Jean-MArc Ayrault depuis Bruxelles. Le secrétaire d'Etat américain a confirmé sa présence ce jeudi. La subtile partition diplomatique qu'impose un des plus vieux conflits de la planète a déjà connu son premier couac: Israël s'est indigné qu'une résolution de l'Unesco, adoptée avec la voix de la France en avril, ne fasse jamais référence à l'esplanade des Mosquées comme mont du Temple ou ne cite le mur des Lamentations qu'entre guillemets.

Voyage "équilibré" 

Côté français, on semblait partagé entre la reconnaissance d'erreurs dans le texte, comme l'ont fait François Hollande et Manuel Valls, et le sentiment que l'occasion était trop belle pour Benjamin Netanyahu de s'emparer à un moment très propice d'un texte ne variant pourtant pas fondamentalement de textes précédents.

La proximité avec les élections présidentielles française mais surtout américaine ne favorise guère non plus les chances de succès de l'initiative. D'autant que Benjamin Netanyahu a engagé mercredi des négociations avec Avigdor Lieberman, l'une des figures les plus belliqueuses de la droite israélienne, pour élargir son gouvernement, semblant tourner le dos à une vision travailliste plus conciliante.

Matignon a tout fait pour que le voyage soit "équilibré", quand les détracteurs de Manuel Valls l'accusent d'avoir effectué un virage pro-israélien autour de 2010, alors qu'il se rendait auparavant à Khan Younès dans la bande de Gaza, avec qui sa mairie d'Evry avait noué des liens solides. Lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) en mars, le Premier ministre avait déclaré que l'antisionisme était "tout simplement le synonyme de l'antisémitisme et de la haine d'Israël", déclenchant une controverse.

Une visite pas uniquement diplomatique

"Il n'a pas à corriger quoi que ce soit", rétorque son entourage. "Il a cette relation avec Israël, sa culture, les gens qu'il connaît là-bas, son combat très personnel et très fort contre l'antisémitisme. Mais il a par ailleurs une analyse sans ambiguïté sur les conditions nécessaires de la paix, par exemple l'arrêt de la colonisation", défend-t-on.

Nul doute que Manuel Valls garde en tête l'incident fameux de février 2000, lorsqu'il travaillait comme conseiller en communication du Premier ministre Lionel Jospin. Ce dernier avait été la cible de jets de pierre près de Ramallah après avoir qualifié -en Israël- le Hezbollah libanais de "terroristes". Manuel Valls était à l'époque resté à Paris.

La visite n'est pas seulement diplomatique, et prévoit de nombreuses étapes sur la coopération économique, culturelle et mémorielle, avec notamment un passage au cimetière où sont enterrées des victimes des attentats antisémites de Mohammed Merah en 2012 et de l'Hypercacher en janvier 2015.

Jé. M. avec AFP