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"Une idéologie dangereuse": Élisabeth Borne "ne croit pas à la normalisation du RN"

La Première ministre Élisabeth Borne le 11 novembre 2023

La Première ministre Élisabeth Borne le 11 novembre 2023 - Ludovic MARIN / POOL / AFP

Dans un entretien au "Figaro", la Première ministre invite à "ne pas opposer" les arguments moraux et programmatiques pour combattre le Rassemblement national.

Comment s'opposer à Marine Le Pen et au Rassemblement national? La question est posée à Élisabeth Borne par Le Figaro ce jeudi 7 décembre, à l'occasion d'un long entretien. Faut-il privilégier des arguments programmatiques ou plutôt moraux? Le président de la République semble opter pour la première option et avait d'ailleurs recadré la cheffe du gouvernement en mai dernier sur ses propos qualifiant le parti à la flamme d'"héritier de Pétain". La cheffe du gouvernement cherche le point d'équilibre et enjoint à ne "pas opposer" ces deux stratégies.

Elle rappelle dans un premier temps la formation d'extrême droite à son histoire. "Je ne crois pas à a normalisation du RN. Je n'ai pas entendu madame Le Pen dénoncer les positions historiques de son parti", pose la locataire de Matignon. Une façon de souligner la continuité du RN, anciennement Front national jusqu'en 2018, même si Marine Le Pen et ses troupes cherchent à tout prix à se distinguer de leur héritage. Et la Première ministre d'insister:

"Factuellement, nous n'avons pas entendu Marine Le Pen, y compris quand elle tente de se présenter comme premier rempart contre l'antisémitisme, dénoncer les positions de son père. Moi, je n'ai rien entendu."

Des électeurs ne votent pas pour le RN "par idéologie"

Le RN, lui, à l'image des déclarations de ces dernières semaines, tenues en marge de la marche contre l'antisémitisme, rappelle la "rupture" avec Le Pen père, en 2015. Mais la prise de distance avec le cofondateur du FN reste difficile, en attestent les propos de Jordan Bardella, qui a considéré sur BFMTV, début novembre, que le "Menhir" n'était pas antisémite, alors même que ce dernier a été condamné pour ce motif à plusieurs reprise.

Pour autant, Élisabeth Borne appelle à agir dans le même temps sur un autre front, en se concentrant sur les solutions que le Rassemblement national adresse aux Français. "Une partie de nos concitoyens qui se tournent vers le RN ne le font pas par idéologie mais parce qu'ils peuvent être dans le désarroi, dans la colère, et qu'ils attendent des réponses très concrètes à leurs préoccupations du quotidien", relève la Première ministre.

Avant de dénoncer "les incohérences de ce parti qui ne vote aucun des textes qui renforcent les outils contre le terrorisme depuis 2017; ou qui vote contre les mesures pour le plein-emploi".

Au sein du gouvernement, plusieurs ministres vont au-delà des arguments consistant à opposer la politique des résultats obtenus par l'exécutif aux propositions des lepenistes.

Il y a Éric Dupond-Moretti, qui invitait le RN récemment, après les rassemblements de l'ultradroite en lien avec la mort de Thomas, à "chasser" de ses "rangs les gudards, les identitaires les nazillons, les racistes, les antisémites". Ou Olivier Véran, qui jugeait récemment que la stratégie "des résultats" n'a pas suffi à "faire baisser" Marine Le Pen.

Baptiste Farge