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Retraites: 55% des Français pas d'accord pour travailler davantage afin de "financer notre modèle social"

Elisabeth Borne.

Elisabeth Borne. - AFP ; BFMTV

SONDAGE BFMTV - Notre nouveau sondage "L'Opinion en direct" élaboré par l'institut Elabe montre qu'une majorité des Français réfutent l'argument d'Élisabeth Borne justifiant la réforme des retraites par la nécessité de travailler davantage pour financer notre modèle social. Celle-ci souffre par ailleurs d'un manque de notoriété dans la population.

Tandis que l'exécutif prépare le retour de la réforme des retraites, les Français et leur gouvernement ne sont pas à l'unisson autour de cette question. En effet, notre nouveau sondage "L'Opinion en direct" piloté par l'institut Elabe pour BFMTV que nous diffusons ce mercredi, montre qu'une majorité de Français ne croient pas qu'il faille travailler davantage pour financer notre modèle social. Tel était l'argument avancé lundi sur notre plateau par la première ministre, Élisabeth Borne.

De surcroît, tandis que le sujet du pouvoir d'achat s'impose plus que jamais comme la priorité fixée par les sondés à l'Élysée et Matignon, une majorité relative continue de déplorer une politique qui, certes, va "dans le bon sens", mais demeure "insuffisante". Dernier élément essentiel de notre enquête: l'électorat apparaît très partagé dans sa perception d'Élisabeth Borne et de son action, la Première ministre semblant même méconnue.

64% des actifs ne jugent pas nécessaire de travailler davantage

Lundi, invitée de notre journaliste Apolline de Malherbe, Élisabeth Borne a tenté de déminer la délicate question de la réforme du système de retraites. "Il est important de dire qu'en France, on a un modèle social unique au monde. Santé, école... On ne peut le financer durablement qu'à condition de produire plus de ressources, de travailler collectivement davantage", a-t-elle jugé.

Un long développement résumé comme suit par Elabe auprès de son panel: "Il nous faut travailler davantage pour pouvoir financer le modèle social français". Celui-ci a alors été invité à y réagir. Et la réaction n'est pas positive. 55% des Français réprouvent cet argument de la cheffe du gouvernement. Ils sont même 64% parmi les actifs, et 71% chez les ouvriers. 62% des retraités ne manquent pas en revanche d'apporter leur soutien à Élisabeth Borne.

Côte politique, on retrouve les contrastes attendus. 72% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la dernière présidentielle disent leur opposition, comme 67% de ceux de Marine Le Pen, tandis que 78% des partisans d'Emmanuel Macron appuient les propos de Matignon.

Les propos d'Elisabeth Borne sur le travail ne font pas recette.
Les propos d'Elisabeth Borne sur le travail ne font pas recette. © Elabe

Le pouvoir d'achat, priorité des priorités

Au rayon des ressources, c'est surtout le pouvoir d'achat qui préoccupe les Français. Ils sont ainsi 58% (un pourcentage stable par rapport à la précédente mesure le 24 août dernier) à le désigner comme priorité du gouvernement pour les mois à venir, parmi 17 autres sujets proposés. Cette inquiétude devance celle liée à l'écologie (26%), la santé (26%) et la sécurité (25%).

On note d'ailleurs la prévalence de l'importance de la question du pouvoir d'achat dans toutes les catégories socioprofessionnelles, toutes les tranches d'âge, et dans tous les électorats. Elle est toutefois plus marquée au sein des classes populaires - à hauteur de 66% des sondés - des 35-64 ans - 65%. Les électeurs de Marine Le Pen constituent le segment électoral le plus décidé en la matière, avec un pourcentage de 67%.

Le pouvoir d'achat, priorité des Français.
Le pouvoir d'achat, priorité des Français. © Elabe

L'action du gouvernement "ne suffit pas"

Or, au chapitre de l'action mise en œuvre par l'exécutif pour défendre ce pouvoir d'achat, les Français ne sont pas satisfaits. Certes, ils sont 5% de plus qu'il y a un mois à déclarer que celle-ci va "dans le bon sens" pour un total de bienveillance s'élevant à 48%... mais ils concluent que ces mesures bien dirigées sont tout de même "insuffisantes". 39% des sondés, après une chute de huit points, déplorent même des dispositifs n'"améliorant pas du tout la situation".

Dans le détail, 49% des Français qui se "restreignent" financièrement en fin de mois jugent positive l'action du gouvernement mais "insuffisante", après un bon de 13 points. Quant aux plus précaires, ils tranchent plus nettement, déplorant des mesures "inefficaces" pour 61% d'entre eux. 52% des soutiens de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen posent le même regard sur ces mesures.

L'action du gouvernement en défense du pouvoir d'achat jugée par les Français.
L'action du gouvernement en défense du pouvoir d'achat jugée par les Français. © Elabe

Les Français réservent leur avis sur Élisabeth Borne

En revanche, il est bien difficile de lire l'opinion des Français au sujet de la Première ministre, chargée de chapeauter cette politique. Ils sont 37% à la trouver "mauvaise" dans cette fonction, 31% à l'estimer "bonne" dans le rôle, tandis que 32% des sondés ne se prononcent pas.

Car c'est là le cœur du problème rencontré par Élisabeth Borne dans l'opinion: elle y est peu ou mal connue plus d'un trimestre après son arrivée à Matignon. Même 27% des partisans du président de la République, qui l'y a pourtant nommée, concèdent ne pas la connaître suffisamment pour émettre un avis. Dans l'opposition, on hésite moins. 57% des sympathisants insoumis la décrivent comme "mauvaise" comme 52% parmi la sphère de Marine Le Pen.

Les traits de personnalité proposés par Elabe à son panel concernant Elisabeth Borne.
Les traits de personnalité proposés par Elabe à son panel concernant Elisabeth Borne. © Elabe

Paradoxalement, ce manque de notoriété pourrait cependant adoucir la peine d'Élisabeth Borne à la lecture de l'étude. Au moment de choisir parmi 13 traits pour profiler la cheffe du gouvernement, les qualificatifs retenus le plus souvent la posent comme "peu rassurante" - selon 53% de nos concitoyens - "autoritaire" - d'après 51% de nos compatriotes - et même "peu sympathique" (49%). Petite consolation: un nombre à peu près égal (48%) saluent "son courage". Une consolation et un bémol, car un quart des Français ont refusé de se prêter à son portrait, préférant ne pas se prononcer. Élisabeth Borne doit décidément travailler davantage pour se faire connaître.

Échantillon de 1001 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 27 au 28 septembre 2022.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV