BFMTV
Gouvernement

Salon de l'agriculture: "L'insulte, la destruction, cela ne fait pas avancer les choses", dit Valls

Après la visite mouvementée de François Hollande samedi, c'est au tour du Premier ministre de s'aventurer au Salon de l'agriculture.

Manuel Valls a été accueilli dans une ambiance tendue lundi matin au Salon de l'agriculture. Le Premier ministre est arrivé dès 7 heures dans les allées du Salon: l'occasion de rencontrer les éleveurs, pour leur part déjà présents.

Accueilli par le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll et le président de la FNSEA, Xavier Beulin, le chef du gouvernement a visité les stands de plusieurs éleveurs dont certains n'ont pas caché leur agacement face au défilé des responsables politiques. 

"Vas te cacher. T'as rien compris petit zizi, tu vas pas changer l'Europe", a hurlé l'un d'eux. Un grand panneau avec une bâche noire avait été dressé, frappé du slogan: "Je suis le top de la qualité française mais ma passion ne suffit plus".

A un autre qui l'accusait de "se pavaner" tout en n'ayant "aucun pouvoir", le chef du gouvernement a répondu sèchement:

"Si on ne vient pas on est des trouillards, si on vient c'est pour se pavaner? C'est vous qui nous enfermez là-dedans, et cela fait avancer le schmilblick? Non!", a répondu Manuel Valls à l'un d'eux.

De son côté, Stéphane Le Foll a été hué à plusieurs reprises lors de sa déambulation avec le Premier ministre. Samedi déjà, lors de l'inauguration du Salon, les éleveurs ont signé les débordements au passage de François Hollande, enchaînant noms d'oiseaux et sifflets après avoir tenté une haie d'honneur le dos tourné au cortège présidentiel. Une action repoussée par un service d'ordre musclé.

Dures négociations entre industriels et grande distribution

Le Premier ministre est arrivé à quelques heures de la fin officielle des négociations commerciales lundi soir entre les industriels et la grande distribution (GMS), accusée de tirer les prix vers le bas en entraînant les agriculteurs dans cette spirale infernale. Depuis une dizaine de jours, les principaux acteurs - industriels de l'agroalimentaire et responsables agricoles - se relaient pour dénoncer des "négociations plus dures que jamais" avec les représentants de la GMS.

"Nous avons appelé les enseignes de la grande distribution à faire preuve de solidarité en ne baissant pas les prix lors des négociations commerciales pour 2016" prévenait la semaine dernière Manuel Valls.

Samedi, le président Hollande a enfoncé le clou et mis en garde les distributeurs: certes, "l'Etat ne fixe pas les prix" a-t-il reconnu, mais il peut et "doit faire pression sur les distributeurs pour une vraie reconnaissance du travail de l'agriculteur" a-t-il dit.

La FNSEA a appelé au calme

Ces difficultés purement françaises, liées à l'extrême concentration des enseignes de grande distribution dans l'Hexagone, défendues par quatre centrales d'achat, s'ajoutent à une crise plus conjoncturelle de surproduction, de baisse de la demande et d'embargo russe qui pèse pour ce dernier surtout sur les cours du porc.

De son côté Xavier Beulin, le patron de la puissante FNSEA, premier syndicat agricole du pays, a dénoncé ces "patrons d'enseigne la main sur le coeur qui viennent gentiment nous expliquer que tout va bien, qu'eux-mêmes vont prendre leurs responsabilités" alors que leurs groupes demandent des baisses de "-4% et -8% sur tous les produits alimentaires". "Est-ce qu'on peut avoir une attitude aussi détestable?", a-t-il demandé.

Xavier Beulin, qui a présenté ses excuses dimanche après l'accueil réservé à François Hollande, a par ailleurs lancé des "appels au calme" pour la venue de Manuel Valls, avec lequel il s'entend bien, sans exclure toutefois d'autres "mouvements spontanés" de mauvaise humeur ou de colère. Samedi, des éleveurs avaient démonté le stand du ministère de l'Agriculture et copieusement hué et insulté François Hollande.

A. K. avec AFP