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Royal, Valls, Montebourg: premières interviews de ministres en devenir

Manuel Valls, actuel Premier ministre et ancien jeune militant socialiste alors âgé d'une vingtaine d'années.

Manuel Valls, actuel Premier ministre et ancien jeune militant socialiste alors âgé d'une vingtaine d'années. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Avant d'être nommés ministres à la faveur du dernier remaniement, ils ont été autre chose: avocat, député-maire et même simple militant, parlant des difficultés des autres… jeunes.

Les ministres du nouveau gouvernement Valls ont aussi été plus jeunes. Ça se passait dans les années 80 et 90. Certains arboraient à l'époque la chevelure qu'ils n'ont parfois plus. D'autres avaient déjà la crinière parsemée. Voici, glanés sur le site de l'INA, des morceaux d'histoires: les premières interviews d'animaux politiques qui allaient accéder, à la faveur du remaniement ministériel de ce 2 avril, aux plus hautes responsabilités de la République.

Dénominateur commun, chez tous ceux-là pointaient déjà cette volonté de convaincre, d'affirmer leurs convictions. On sait depuis qu'ils ont fait leur chemin, même si les mots semblent parfois un peu les mêmes. Sur la forme, ces archives montrent cependant à quel point la communication politique a évolué.

Manuel Valls, le jeune militant socialiste

En 1982, un militant socialiste d'une vingtaine d'années défendait l'emploi des jeunes. "A quoi sert l'école si elle débouche sur le chômage? A cet égard, l'héritage de la droite est énorme", fustigeait Manuel Valls, nommé Premier ministre par François Hollande. Et de parler "des priorités de François Mitterrand", avec la sempiternelle volonté de "faire reculer le chômage".

Sur la forme on appréciera la coupe de cheveux, vers l'arrière, et le magnifique pull-over col en "V", à losanges. L'air est déjà sérieux, presque grave, le discours étonnamment maîtrisé avec des appuis calculés sur certains mots.

Ségolène Royal, ministre de l'Environnement

Ce remaniement est finalement une forme de retour aux sources pour Ségolène Royal, exception qui confirme la règle de ce tour d'horizon, puisqu'elle était déjà ministre de l'Environnement en 1992. Invitée, du plateau de FR3 (l'avant France 3), la ministre déplore la position des Etats-Unis au sommet de la Terre de Rio auquel "participent 150 Etats". "Au nord moins de gaspillage et au sud moins de pauvreté. Par rapport à cet enjeu énorme et fantastique, je crois que les Etats-Unis n'ont pas droit de freiner", assène-t-elle.

Du point de vue du style, Ségolène Royal arbore une veste de tailleur blanc pour le chic avec un débardeur façon marin rayé bleu et blanc pour le côté "détente". Surtout, elle garde tout au long de l'interview un indéfectible sourire et montre un air presque amusé quand elle lâche les coups, sur les "amis" américains.

Arnaud Montebourg, avocat de Christian Didier

En 1994, maître Montebourg avait déjà la verve et la fougue qu'on lui connaît. Le nouveau ministre de l'Economie était alors l'avocat de Christian Didier, l'homme qui avait tué René Bousquet, haut fonctionnaire pendant la collaboration (1940-1944) et qui avait notamment organisé, sous l'autorité de Pierre Laval, la rafle du Vél' d'Hiv. La plaidoirie de l'avocat peut se résumer en une phrase: "Christian Didier a conscience qu'il a tué un homme, mais aussi un symbole d'une France qui ne veut pas regarder ses propres crimes en face, qui a occulté pendant 50 ans, ses crimes".

Avec sa tête de "premier de la classe", dégagé derrière les oreilles et sages lunettes rondes en écailles, Arnaud Montebourg fronce les sourcils pour incarner tout le sérieux que requiert cette affaire importante sur le plan historique.

Michel Sapin, député de l'Indre

"Pire que tout, le sentiment mauvais qu'ils (NDLR: les Français) ont vis-à-vis des services publics, c'est quand je veux régler mon problème, je ne sais pas à qui m'adresser", pointe en 1983 Michel Sapin évoquant un rapport. Les choses, notamment avec le choc de simplification, ont-elles changé depuis? Nouvellement nommé aux Finances, le ministre avait déjà le goût du dialogue et prônait la mise en place "d'organes de concertation", notamment à La Poste. A noter à la fin du reportage, au moment du retour sur le plateau d'Antenne 2, l'air interloqué et amusé du présentateur devant tant d'envie de "discussion".

Le style vestimentaire de Michel Sapin est ici très passe-partout et passe donc assez bien l'épreuve du temps: costume et cravate sombres sur chemise claire. Le cadrage ne permet en revanche pas de dire si déjà à l'époque le ministre porte ses fameuses chaussettes rose framboise.

Bernard Cazeneuve, président des Jeunes Radicaux de gauche

L'interview commence mal. Il s'appelle bien Bernard et non Bertrand, prénom dont l'affuble le présentateur de l'antenne locale de FR3 Aquitaine. Bernard Cazeneuve, c'est à noter, ne bronche pas. Il est en 1983 le président des Jeunes Radicaux de gauche, mouvement alors naissant. Déjà, l'actuel ministre de l'Intérieur affiche sa détermination de "rendre le radicalisme à la Gironde" en "s'en donnant les moyens", précise-t-il. La suite prend la forme d'un cours magistral sur le "radicalisme", pas inintéressant mais assez éloigné des standards de la communication politique d'aujourd'hui.

Dans la forme, Bernard Cazneuve semble à l'aise, appuyé en arrière sur le dossier de sa chaise et regardant l'œil de la caméra sans sourciller comme pour mieux capter l'attention du téléspectateur.

>> Ci-dessous le reste des archives remises au goût du jour par l'INA.

David Namias