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Gouvernement

Réforme pénale: Valls et Taubira s'écharpent par lettres interposées

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls - -

Manuel Valls a confié dans une lettre à François Hollande ses réserves sur le projet de loi de réforme pénale menée par Christiane Taubira. Une complainte qui a du mal à passer pour la ministre de la Justice.

La tension entre le ministre de l’Intérieur et la garde des Sceaux est montée d’un cran. Le 25 juillet, Manuel Valls a envoyé à François Hollande une missive, que Le Monde s’est procurée, pour lui signaler ses "désaccords" sur le projet de réforme pénale menée par sa collègue Christiane Taubira. Une complainte mal vécue par cette dernière, qui a découvert la lettre pendant la polémique sur les détenus relâchés à Chartres, selon le quotidien.

"Clarifier nos orientations politiques"

Les divergences entre Valls et Taubira sur le projet de réforme pénale ne datent pas d’hier. Alors que la partie de bras de fer entre les deux ministres a commencé depuis quelques semaines maintenant, Manuel Valls exprime dans cette lettre son opposition au projet, et demande ainsi au chef de l'Etat d'arbitrer ces désaccords.

"J'attire votre attention sur les désaccords mis en lumière par le travail interministériel qui s'est engagé récemment autour du projet de réforme pénale présenté par le ministère de la Justice", écrit-il. 

"Cependant, tant pour des raisons de méthode que de fond, l'écart entre nos analyses demeure trop important et appelle une clarification de nos orientations politiques", réclame ainsi le ministre de l'Intérieur à François Hollande. "Je souhaite à ce stade que nous définissions collectivement les principes directeurs de cette réforme", poursuit-il.

"Etonnée"

Ecrire au président de la République sur son projet de réforme sans même l'en avoir tenue informée? La pilule a du mal à passer pour Christiane Taubira. La ministre de la Justice a donc pris à son tour la plume pour dénoncer entre autres les méthodes de son collègue.

"Je ne peux que m'étonner qu'un tel document ne m'ait pas été communiqué, d'autant qu'il comporte des propositions de réforme du droit de la peine, domaine qui ne ressort en aucune façon aux compétences du ministre de l'Intérieur", s'offusque la ministre dans son droit de réponse à François Hollande.

Selon le quotidien, la garde des Sceaux "a téléphoné à Manuel Valls le 29 juillet et il ne lui en a pas soufflé mot. Puis elle l'a rencontré deux jours plus tard, le 31, au comité interministériel de la coopération internationale et du développement, avant d'aller boire un verre le soir à Matignon".

A aucun moment, "le ministre de l'Intérieur n'a saisi ces deux occasions pour m'informer de la teneur de cette lettre", écrit-elle.

Une réforme avant les municipales?

Le rapport de force entre les deux ministres ne risque pas de faire avancer un projet de loi qui a déjà pris beaucoup de retard. En effet, celui-ci devait être présenté début juillet en Conseil des ministres et a finalement été repoussé à septembre. Avec les municipales de 2014, la réforme tant attendue pourrait ne pas voir le jour avant un bon moment.

Lettre de Manuel Valls, ministre de l'intérieur, à François Hollande, président de la République, en date du 25 juillet 2013. publié par Fil_actu

Mélanie Godey