Prolongement des centrales nucléaires: la proposition de Royal provoque la colère des écologistes

Après la déclaration de la ministre de l'Ecologie, "prête" à prolonger de 10 ans la vie des centrales nucléaires françaises, les responsables d'EELV crient au scandale.

Y a-t-il une chance pour que les relations s'améliorent un jour entre Europe Ecologie - Les Verts (EELV) et le gouvernement? La crise, qui a atteint son point culminant lors de l'entrée d'Emmanuelle Cosse au gouvernement, semble ne plus trouver de fin. En témoigne la dernière déclaration de Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie et de l'Energie, qui se dit "prête" à prolonger de 10 ans la vie des centrales nucléaires "sous réserve de l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire".

Une décision qui s'inscrirait "dans le contexte de la baisse de la part du nucléaire de 75% à 50% dans la production d'électricité pour monter en puissance sur le renouvelable", comme le prévoit la loi de transition énergétique adoptée l'an dernier, a rappelé la ministre.

De quoi faire bondir les responsables d'EELV. "L'écologie, c'est fini", a tweeté dès dimanche soir David Cormand, secrétaire national du parti par intérim.

Placé et Rugy sceptiques eux aussi

"Hélas, on s'y attendait" ajoute Julien Bayou, porte-parole d'EELV joint par BFMTV.com. "Mais c'est complètement stupide. On parle de sécurité, avec des vieilles centrales comme Fessenheim ou Le Tricastin, mais aussi de coût: car prolonger des centrales comme celles-ci, cela a un coût phénoménal", estime-t-il, avant d'ajouter: "c'est irréaliste et dangereux". 

Même au sein du gouvernement, la proposition laisse certains ministres sceptiques. "Attention, pas toutes les centrales !", avertit ainsi Jean-Vincent Placé, secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat et ancien membre d'EELV.

"Il y aura quelques centrales qui auront vocation à être modernisées. Mais - je le dis aussi pour mes collègues du gouvernement -, attention, la filière nucléaire aujourd'hui telle qu'elle est, avec les échecs de l'EPR, et en Finlande et à Flamanville, c'est plutôt au bord de la faillite. Donc très sincèrement, je ne vois même pas comment on va trouver l'argent pour prolonger". 

François de Rugy, qui a quitté EELV au même moment que Jean-Vincent Placé, exprime lui aussi ses doutes sur Twitter. 

Du côté d'EELV, on rappelle que la déclaration de Ségolène Royal vient s'ajouter à une séquence déjà compliquée. "Il y a Notre-Dame-des-Landes, la déchéance de nationalité, la loi El Khomri... ça commence à faire beaucoup", note Julien Bayou. Et de conclure: "on se demande comment le gouvernement va pouvoir aller jusqu'au bout".

A. K.