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Gouvernement

Présidentielle: les hollandais divisés face à la tentation Macron

François Hollande espère garder ses troupes unies, alors que plusieurs ministres seraient tentés de rejoindre Emmanuel Macron.

François Hollande espère garder ses troupes unies, alors que plusieurs ministres seraient tentés de rejoindre Emmanuel Macron. - JACQUES DEMARTHON / AFP

François Hollande tente de maintenir ses troupes rassemblées, dans la crainte d'une rupture entre pro-Hamon et pro-Macron au sein du gouvernement.

Ce mercredi matin, François Hollande doit réunir un conseil des ministres élargi, au cours duquel il devrait appeler ses ministres à rester soudés. Car à quelques semaines de la présidentielle, le président craint une rupture au sein du gouvernement, entre pro-Hamon et pro-Macron. Lui-même devrait faire une déclaration dans les semaines à venir, et n'a jusqu'ici adoubé personne. Ni son ancien ministre frondeur, ni son ancien ministre déserteur.

Marchant dans ses pas, ses fidèles du gouvernement n'ont pas choisi leur camp, ou en tout cas ne l'ont pas fait savoir publiquement. Mais une certaine impatience se fait maintenant sentir. Stéphane Le Foll, Jean-Yves Le Drian, François Rebsamen, Claude Bartolone et Myriam El Khomri restent silencieux; en interne, plusieurs chapelles s'affrontent.

Kanner veut une "décision collective"

Il y a ceux qui veulent rejoindre le candidat d'En Marche! et vite, afin de pouvoir le parrainer, avant le 17 mars, donc. Ceux qui préfèrent attendre à l'ombre de la présidentielle et rejoindre l'éventuel gagnant dans une coalition. Et ceux qui préfèrent se ranger dans le camp de Benoît Hamon et de la ligne officielle du Parti socialiste.

Les choses se sont accélérées dimanche, avec les propos de Patrick Kanner dans le JDD. Le ministre de la Ville a laissé entendre qu'il pourrait rejoindre le candidat d'En Marche!, appelant de ses vœux une "décision collective".

"C'est une hypothèse. Ce n'est pas d'actualité, mais ce n'est pas exclu. Si cette décision doit être prise, elle devra l'être de manière collective...", a-t-il lancé.

Les doutes de Bartolone

Mais le ministre précise qu'il ne s'agit pas d'un ultimatum lancé à Benoît Hamon, dont beaucoup critiquent la campagne. "C’est un appel à Benoît pour qu’il rassemble sa famille. On a besoin de preuves d’amour", explique Patrick Kanner. Lundi, Claude Bartolone lui a emboîté le pas dans un entretien au Monde. Le président de l'Assemblée nationale explique ne pas se reconnaître dans la campagne du vainqueur de la primaire de la gauche.

"Un choix collectif a été fait pour un candidat, il faut le respecter. Mais il faut entendre aussi le mal-être de ceux qui se rendent bien compte que le théorème mitterrandiste n’est plus en vigueur, et qu’une part des électeurs sociaux-démocrates qui votent traditionnellement pour le PS ne se sent pas pleinement représentée", explique-t-il.

Il se dit aussi préoccupé par l'éventuelle nécessité d'un vote "utile" en faveur d'Emmanuel Macron, afin de faire face à Marine Le Pen. Marine Le Pen, contre laquelle François Hollande et Bernard Cazeneuve livrent d'ailleurs bataille en cette fin de mandat.

"Une position par personne"

Lundi soir, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a réuni 25 "hollandais" au ministère. D'après Le Point, qui évoque ce rendez-vous ce mardi, Stéphane Le Foll et Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, seraient tentés par le choix de la dissidence et le ralliement ou le soutien déclaré à Emmanuel Macron. François Rebsamen, le maire de Dijon, voudrait quant à lui "laisser sa chance" à Benoît Hamon.

"Il faut au moins le laisser faire le débat. Il a déjà fait des progrès, il relève quelques bienfaits du quinquennat, comme la garantie-jeune ou le tiers payant", explique-t-il à l'hebdomadaire, précisant tout de même: "On fera tout pour éviter un 21 avril". 

L'entreprise de rassemblement assumée par François Hollande s'annonce en tout cas délicate car, d'après un témoin de cette réunion, cité par le magazine, "il y a une position par personne". Reste à savoir laquelle adoptera le président lui-même.

Charlie Vandekerkhove