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Pour le premier jour de déconfinement, les ministres quadrillent le terrain

Les ministres Elisabeth Borne, Jean-Michel Blanquer, Christophe Castaner et Bruno Le Maire, à Matignon le 7 mai 2020

Les ministres Elisabeth Borne, Jean-Michel Blanquer, Christophe Castaner et Bruno Le Maire, à Matignon le 7 mai 2020 - AFP - Christophe Archambault

Quasiment tous présents dans les médias ce lundi matin, les principaux ministres concernés par le déverrouillage du pays ont, pour la plupart, des déplacements prévus. Une occasion pour sonner la mobilisation, tout en affichant un strict respect des consignes sanitaires.

Bruno Le Maire sur un chantier, Jean-Michel Blanquer dans une école, Jean-Baptiste Djebbari dans les transports en commun... Ce lundi, premier jour du déconfinement décrété par le gouvernement, les ministres se déploient en conséquence. Après les matinales télé et radio, plusieurs d'entre eux doivent se rendre sur le terrain pour constater que les choses se déroulent en bon ordre.

Le moment est inédit, son suivi essentiel, le besoin de lumière inévitable. "Ils ont envie de sortir. Surtout ceux qui, pendant la crise, n'ont peut-être pas eu l'exposition qu'ils espéraient", glisse un conseiller gouvernemental auprès du Parisien. De ce point de vue, les plus visibles sur le terrain ce lundi seront ceux qui, au cours des près de deux mois de confinement, auront été les plus exposés médiatiquement. 

Délégations restreintes

Ainsi, le ministre de l'Économie et des Finances est arrivé aux alentours de 9h30 sur un chantier de Saint-Germain-en-Laye, après une longue interview sur BFM Business. Son collègue de l'Éducation nationale, aux prises avec un corps enseignant inquiet des premiers retours d'enfants en salles de classe, a un déplacement prévu dans une école parisienne après un entretien accordé à Europe 1. Jean-Baptiste Djebarri, secrétaire d'État chargé des Transports, est attendu lui à 10h à la station de métro Nation à Paris, où il doit rencontrer des agents de la RATP, là aussi après une interview matinale.

Il s'agira pour eux, comme pour leurs collègues, de "montrer ostensiblement" qu'ils respectent les consignes de sécurité sanitaire, indique une source gouvernementale au Parisien. Le récent faux pas de Christophe Castaner dans le Nord pourra leur servir de contre-exemple: le ministre de l'Intérieur a posé à côté d'une trentaine de salariés regroupés autour de lui, dans une usine d'Annœullin... sans porter de masque. L'intéressé lui-même a reconnu dimanche sur France Inter qu'il s'agissait là d'une "maladresse" et d'une "erreur". 

Depuis la fin avril, les déplacements ministériels sont autorisés par Matignon, mais de façon très restreinte, avec des délégations limitées en taille. Et, de manière plus implicite, la nécessité absolue de montrer l'exemple aux Français.

"Nous réussirons"

Dans les médias, chacun a martelé, à sa manière, le leitmotive du jour. "Chaque citoyen doit se sentir personnellement concerné pour qu’on puisse conjuguer activité économique et respect les gestes barrières", a déclaré Bruno Le Maire sur BFM Business.

Espérant "une reprise importante du travail", le locataire de Bercy a souhaité "que le plus grand nombre de salariés puissent retrouver leur entreprise et remettre la France en état de marche". "C’est comme ça que nous réussirons le déconfinement", a-t-il ajouté.

Sur Europe 1, Jean-Michel Blanquer a qualifié ce 11 mai de "journée d'amorce", réitérant qu'il s'agissait, dans son secteur, avant tout d'une "pré-rentrée" pour les enseignants. "Une remise en marche, en quelque sorte", a résumé le ministre de l'Éducation nationale. 

"Nous sommes dans une société où circule ce virus", a-t-il constaté, évoquant l'avis émis par des pédiatres, selon lesquels "il y a plus de risque à rester chez soi qu'à aller à l'école". Et d'arguer que les dégâts "sociaux et sanitaires" qui découleraient d'une poursuite du confinement strict ou d'une rentrée tardive, en septembre, seraient bien plus graves. 

"Éviter la faillite économique"

Invité de France Bleu Nord, le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a également parlé scolarité, affirmant que "toutes les écoles publiques de Tourcoing", son fief, rouvraient leurs portes ce lundi.

"Il est important que tous les enfants de la République retournent à l'école de la République", a déclaré l'ancien sarkozyste. 

Sur son périmètre d'action, Gérald Darmanin a déclaré qu'il fallait "absolument éviter la faillite économique, quitte à s'endetter". À l'instar de son binôme Bruno Le Maire, il s'est prononcé contre une solution consistant, dans les temps difficiles qui s'annoncent, à ponctionner davantage les foyers les plus aisés. 

"Appel à la responsabilité de chacun"

Concerné au premier chef par le déverrouillage partiel du pays, le secrétaire d'État chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a été interrogé sur CNews. Il a assuré que tout avait été "mis en œuvre pour que les voyageurs et les opérateurs se rendent au travail ce matin". Et de rapporter que "pour l'instant", les choses se déroulaient "correctement". 

"La situation sanitaire (...) est encore fragile", a toutefois rappelé le secrétaire d'État avant de faire "appel à la responsabilité de chacun".

Et Jean-Baptiste Djebbari de résumer la situation à celle d'un "équilibre entre la confiance et le contrôle".

Jules Pecnard