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Porc: Bigard et Cooperl boudent la réunion

Un éleveur de porc dans son exploitation de Bourbourg, dans le Nord.

Un éleveur de porc dans son exploitation de Bourbourg, dans le Nord. - Philippe Huguen – AFP

Les acteurs de la filière porcine avaient rendez-vous lundi au ministère de l'Agriculture pour tenter de trouver une issue à la crise de la filière qui a connu la semaine passée un nouveau rebondissement. Les deux acheteurs à l'origine du bras de fer avec les éleveurs ne sont pas venus.

Une table ronde exceptionnelle devait se tenir lundi au ministère de l'Agriculture pour tenter de trouver une issue à la crise de la filière porcine. Les éleveurs de porc attendaient beaucoup de cette réunion qu'il ont réclamée. "Ce sera l’occasion de mettre tout sur la table, à la fois la situation des éleveurs, les problèmes industriels et aussi les problèmes liés au commerce international", expliquait la veille à BFMTV, Paul Auffray, président de la fédération nationale porcine.

Mais la Cooperl et Bigard on boudé la réunion. Tous deux rencontreront le ministre de l'Agriculture mardi et mercredi, "afin d'aborder des questions de court terme, dont celle de l'exportation, mais aussi les perspectives pour ces deux entreprises majeures dans le domaine du porc", selon le ministère.

Pour tenter de mettre fin à la crise de l'élevage porcin et après plusieurs actions coup de poing d'éleveurs au printemps, le gouvernement avait à la mi-juin préconisé un prix d'achat du porc à 1,40 euro/kg (la moyenne du coût de production), un prix finalement atteint le 23 juillet au Marché du porc breton (MPB) de Plérin, dans les Côtes-d'Armor.

Mais ce prix, "le plus élevé d'Europe", selon le syndicat des industriels de la viande (SNIV-SNCP), n'est pas du goût des entreprises de découpe et de transformation, qui doivent faire face, à l'export, aux distorsions de concurrence générées par les différences de charges sociales et de normes environnementales entre pays de l'UE.

Sur le marché européen, déstabilisé par l'embargo russe, l'Allemagne propose du porc moins cher de 28 centimes au kilo par rapport au cours français, et les Pays-Bas 38 centimes moins cher, a souligné la coopérative Cooperl, leader en France sur le marché du porc et qui exporte 35% de sa production.

"Inventer une nouvelle compétitivité pour la filière" 

Du coup la coopérative, qui représente 19% des achats au MPB, y a brutalement suspendu ses achats, se refusant à financer "un cours 'politique' pour soutenir la production porcine française". Même réaction de Bigard/Socopa, le groupe leader du marché de la viande en France, qui représente 7% des achats au MPB.

"Il faut inventer une nouvelle compétitivité pour la filière porcine française", juge l'ancien ministre délégué PS à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot.

K. L. avec AFP