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Plainte contre Gérald Darmanin: version contre version, accusation et défense iront "jusqu'au bout"

Gérald Darmanin

Gérald Darmanin - BERTRAND GUAY / AFP

Accusé de viol, le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, par l'intermédiaire de ses avocats, dénonce une "grossière tentative de déstabilisation politique". De son côté, l'avocate de la plaignante assure qu'elle "ira jusqu'au bout".

"Cette fois ma cliente a franchi un cap. Elle ira jusqu’au bout". Dans les colonnes du Parisien ce dimanche, Me Élodie Tuaillon-Hibon, avocate de Sophie Spatz, à l’origine de la plainte pour viol déposée le 22 janvier contre le ministre Gérald Darmanin, a fait savoir son intention d’accompagner la plaignante au terme de la procédure judiciaire.

Et pour cause, une première plainte, déposée en juin 2017 au parquet de Paris, avait donné lieu à une enquête préliminaire. Mais Sophie Spatz n'ayant pas répondu aux convocations des enquêteurs, la procédure avait été classée sans suite un mois plus tard pour "absence d'infraction". Pour Me Tuaillon-Hibon, sa cliente se s’était pas rendue devant les enquêteurs à l’époque "parce qu’elle était mal conseillée, et parce que son entourage tentait de l’en dissuader, arguant qu’elle avait en face d’elle un homme haut placé".

"Consentement acquis par surprise"

Pour rappel, Sophie Spatz, 46 ans, accuse l'ancien maire de Tourcoing de l'avoir violée dans une chambre d'hôtel en 2009, alors qu'elle le sollicitait pour qu'il intercède dans une affaire judiciaire la concernant. C'est après un dîner que Gérald Darmanin, en échange de ses services, l'aurait, selon elle, forcée à avoir un rapport sexuel avec lui. L'enquête, rouverte par le parquet de Paris, doit déterminer s'il y a eu relation sexuelle, et si cette dernière était consentie.

"Pour nous, les faits dénoncés sont des faits de viol. Il n’y pas de désir, de sollicitation, de consentement de la part de ma cliente", certifie l’avocate de la plaignante sur Europe 1. Ou du moins s’agit-il d’un "consentement acquis par surprise", explique-t-elle encore dans Le Parisien, affirmant que Sophie Patz est restée dans la salle de bains (de l’hôtel, NDLR) pour "repousser le moment fatidique au maximum". Et de poursuivre: "Constatant que l’acte était toujours au programme, Mme Spatz dit […] s’être projetée dans ce qui allait être (sa) vie future après qu’elle aura été innocentée ".

"Il n'y a pas eu de contrainte physique, ce n'est pas du tout ça. Elle parle d'une espèce de stratagème où elle se retrouve prise en otage, avec une pression morale extrêmement forte, qui consiste à dire ‘Ton innocence, si tu la veux… voilà’", indique également l’avocate sur Europe 1, ajoutant que "les termes exacts, d’après ma cliente, c’est ‘mais vous aussi vous savez bien qu’il va falloir m’aider’. Ca, il l’a répété plusieurs fois. En mettant, dit-elle, sa main sur la sienne, en la regardant droit dans les yeux, sans aucune ambiguïté possible".

Selon Me Tuaillon-Hibon, la plaignante a croisé "un responsable politique qui, a priori, lui inspire suffisamment confiance sur le moment pour qu’elle finisse par accepter de le retrouver à un dîner". "Et là, tout dérape. C’est plus que la douche froide", résume-t-elle.

"Grossière tentative de déstabilisation politique"

Dans la foulée de la première plainte déposée par Sophie Spatz, Gérald Darmanin dépose à son tour une plainte en dénonciation calomnieuse. "L’intention de nuire résulte de la chronologie: un dépôt de plainte 9 ans après et parce qu’il est devenu ministre. Pour sa part la justice n'a pas d'autre alternative que d'ouvrir une enquête, avant de classer. Et nous plaiderons alors la dénonciation calomnieuse, délit réprimé par une peine de 5 ans de prison", a déclaré Me Pierre-Olivier Sur à BFMTV, un des avocats de Gérald Darmanin. 

Dans Le Parisien, l’autre avocat du ministre de l’Action et des Comptes publics, Me Mathias Chichportich parle d’une "grossière tentative de déstabilisation politique". Évoquant une lettre envoyée par le mari de la plaignante en mai dernier à François Bayrou, alors garde des Sceaux, pour dénoncer "des faits d’abus de faiblesse, d’abus de pouvoir, voire viol", l’avocat déclare: "Le viol est mentionné au conditionnel. Il n’en est même pas certain". Il ajoute en outre que "ce courrier arrive huit ans après les prétendus faits".

"Ce qui l’intéresse, plus que la manifestation de la vérité, c’est de salir le ministre. […] Si Mme Spatz a réalimenté sa procédure, c’est pour repousser une condamnation en dénonciation calomnieuse", assure Me Chichportich.

La plaignante récuse toute "intention" de nuire

Ce dimanche, l'avocate de Sophie Spatz a réagi dans un bref courriel adressé à l'AFP: "Mme Spatz et moi-même nous élevons avec la plus grande véhémence contre les supposées intentions qui lui sont prêtées a posteriori. Ces allégations sont dénuées de fondement matériel et elles violent également la logique chronologique du dossier. Mme Spatz souhaite que les services enquêteurs puissent faire leur travail sereinement, que tous les témoins présents des 2009 soient entendus, ce afin que justice soit rendue", a-t-elle écrit.

De son côté, le Premier ministre a renouvelé "toute sa confiance" à Gérald Darmanin, affirmant que celui "a été d’une totale transparence vis-à-vis des faits.[…] Justice est à nouveau saisie et elle doit pouvoir travailler en toute indépendance", a communiqué Matignon.

P.L