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Gouvernement

Philippe met en garde contre un antisémitisme "très profondément enraciné dans la société française"

Édouard Philippe., Premier ministre.

Édouard Philippe., Premier ministre. - Alain Jocard - AFP

Le chef du gouvernement a mis en garde ce mardi contre les relents d'antisémitisme, après la multiplication des agressions antisémites qui frappent la France ces dernières semaines.

Édouard Philippe, qui participera ce mardi à un rassemblement contre l'antisémitisme à Paris, dénonce vivement les dernières agressions antisémites qui ont eu lieu en France, dans un entretien accordé à L'Express, dans le numéro à paraître ce mercredi.

"Je sais bien que je peux énerver beaucoup de gens qui pensent que le problème n’existe pas, ou qui n’aiment pas qu’on en rappelle l’existence. Mais nous avons un problème!", tonne le Premier ministre dans de cette interview.

"L’antisémitisme est très profondément enraciné dans la société française. L’idée selon laquelle l’antisémitisme ne serait que l’affaire des juifs est encore très répandue. De nombreux Français sont contre l’antisémitisme mais ils ne se sentent pas personnellement concernés par ce fléau", poursuit-il, alors que l'académicien Alain Finkielkraut a été victime d'insultes antisémites samedi lors d'un rassemblement de gilets jaunes à Paris, et que les agressions antisémites se multiplient ces dernières semaines en France.

"Un certain nombre de digues sont tombées"

Le Premier ministre déplore également le fait qu'"un certain nombre de garde-fous ou de dingues (soient) tombés avec la crise des gilets jaunes". "On parle de libération de la parole, c'est en vérité beaucoup plus que cela. Des interdits qui créent les conditions d'une vie sociale paisible ont été remis en cause".

"S’en prendre à Alain Finkielkraut, c’est précisément s’en prendre à un symbole de la République, à l’indispensable figure de l’intellectuel engagé" condamne encore Edouard Philippe, précisant néanmoins qu'"il serait faux et absurde de dire que le mouvement des gilets jaunes est antisémite".

Le chef du gouvernement lance également une allusion à Jean-Luc Mélenchon à qui il a été reproché son ambiguïté voire sa "complaisance" à l'égard des dernières agressions. "Les biais antisémites ont la vie longue. Ils sont souvent portés, consciemment ou inconsciemment par des gens qui, par ailleurs, se parent de toutes les vertus républicaines" souligne Édouard Philippe, avant d'ajouter:

"L’antisémitisme français? Il est ancien; il n’est pas propre à une famille politique même s’il a été particulièrement porté par certaines d’entre elles; il est plus diffus, plus large qu’un courant, il n’a jamais été absent (…) il y a de l’antisémitisme en France, mais ce n’est pas la France".

Quatorze partis politiques seront présents ce mardi à 19 heures place de la République à Paris, lors d'un rassemblement contre l'antisémitisme

Jeanne Bulant