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Gouvernement

Où est passé le gouvernement?

Alors que Ségolène Royal accompagnait le président en Espagne lundi, Bernard Cazeneuve s'envolait pour la Chine.

Alors que Ségolène Royal accompagnait le président en Espagne lundi, Bernard Cazeneuve s'envolait pour la Chine. - Jean-Pierre Clatot - AFP

Alors que l'actualité politique est désormais dominée par la campagne présidentielle, le gouvernement est moins visible, en particulier Bernard Cazeneuve. Cette semaine, alors que François Hollande s'est rendu en Espagne entouré de huit ministres, le Premier ministre se trouvait quant à lui en Chine avec trois autres membres du gouvernement.

A deux mois de la présidentielle, les esprits sont déjà tournés vers l'élection du nouveau président. Entre les meetings, les déplacements, les candidats égrènent leurs propositions, comme ce mardi, où cinq d'entre eux exposent leurs projets en matière de santé. Une occupation du terrain politique et médiatique qui laisse peu d'espace pour le gouvernement encore en place, qui n'est plus sous tension après l'annonce de François Hollande de ne pas se représenter. 

Nommé à Matignon en décembre dernier, Bernard Cazeneuve, un temps ministre le plus populaire du gouvernement Valls, en fait les frais. Dans le baromètre Ifop pour le Journal du Dimanche, le Premier ministre perd six points de popularité. Pour la première fois depuis sa nomination comme chef du gouvernement, le nombre de mécontents dépasse celui des satisfaits. Le Premier ministre paie ainsi un "effet banlieue" et "le sentiment d'un effacement total", décrypte Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'institut de sondage Ifop.

Des adieux prématurés à l'Assemblée

Ces dernières semaines, les prises de parole de l'exécutif sur les sujets d'actualité sont rares. Au début du mois, Bernard Cazeneuve a bien devancé son remplaçant au ministère de l'Intérieur lors de l'agression de quatre militaires au Carrousel du Louvre. Concernant l'affaire Théo, il a rappelé le devoir d'"exemplarité" des policiers. Il a par ailleurs fustigé ceux qui proposent de "supprimer 500 à 600.000 postes de fonctionnaires". Une intrusion dans la campagne présidentielle visant directement François Fillon, alors que le Premier ministre - qui soutenait Manuel Valls pour la primaire à gauche - ne s'est pas engagé aux côtés de Benoît Hamon.

La session parlementaire va s'achever cette semaine pour laisser place à la campagne présidentielle. Pour prendre des mesures, le gouvernement n'aura pour seul choix que de prendre des décrets. "La visibilité du travail gouvernemental est de toute façon quasi-nulle en ce moment", concède dans L'Opinion un secrétaire d'Etat. Un ministre renchérit: "L'enjeu du premier tour de la présidentielle est quand même plus important pour la France que le dernier décret que je pourrais prendre". Bernard Cazeneuve, lui, n'a pas attendu pour faire ses adieux à l'Assemblée nationale

"J’ai toujours essayé de faire au mieux", a -t-il déclaré la semaine dernière devant les députés, faisant un rapide bilan des épreuves du quinquennat de François Hollande.

Déplacements à l'étranger

Des adieux prématurés ou une simple question d'agenda? De fait, le gouvernement soigne son image à l'extérieur. La semaine dernière, le Premier ministre était à Londres pour y rencontrer son homologue, Theresa May. Lundi, le président de la République se trouvait à Malaga, en Espagne, pour assister au 25e sommet franco-espagnol. Pas moins de huit ministres avaient fait le déplacement avec François Hollande. Dans le même temps, son Premier ministre et trois de ses collègues s'envolaient pour une visite de trois jours en Chine, avec au programme une rencontre avec le président chinois, son Premier ministre ainsi que le président de l'Assemblée.

Pendant quelques heures, le ministre le plus haut placé dans le rang protocolaire se trouvant sur le sol français était Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la Défense occupe la sixième place dans le gouvernement. Mais surtout, ce déplacement fait grincer des dents du côté des candidats à la présidentielle. En raison de l'absence de Bernard Cazeneuve, le conseil des ministres de mercredi a été déplacé à vendredi. Or, les membres du gouvernement doivent publier un décret de "convocation des électeurs". Mesure indispensable pour permettre au Conseil constitutionnel d'envoyer le formulaire de parrainage des candidats à la présidentielle aux élus. La date est donc repoussée à samedi, faisant perdre deux précieux jours aux prétendants à l'Elysée.

Du côté des ministres, même si on assure continuer de travailler, certains ont plus la tête tournée vers une potentielle élection lors des prochaines législatives de juin. Ce ne sera toutefois pas le cas de Jean-Marc Ayrault. Le ministre des Affaires étrangères a annoncé qu'il ne briguerait plus de mandats électifs. Pour quinze de ses collègues, au contraire, l'heure de l'entrée en campagne approche. "Aujourd'hui, il n'y a plus que ça qui anime encore mon ministre: essayer d'avoir de la visibilité pour sa circo", conclut dans L'Opinion une chargée de presse. Le quinquennat de François Hollande est désormais derrière eux.

J.C.