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"On n'a pas attendu l'ONU pour faire la lumière" sur les violences policières, se défend Philippe

Le Premier ministre Edouard Philippe, le 6 mars 2019 sur BFMTV.

Le Premier ministre Edouard Philippe, le 6 mars 2019 sur BFMTV. - Capture BFMTV

La Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a demandé à la France une "enquête approfondie" sur "l'usage excessif de la force" depuis la mi-novembre.

"Pardon de le dire comme ça, on n'a pas attendu le Haut-Commissaire de l'ONU pour faire toute la lumière sur l'ensemble des faits", a sèchement répondu ce mercredi le Premier ministre, interrogé sur BFMTV sur les propos tenus au Conseil des droits de l'Homme sur les violences policières en France. 

La Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, ex-cheffe de l'Etat chilien, a réclamé que le gouvernement français mène une "enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force" ces dernières semaines dans l'Hexagone, lors des manifestations de gilets jaunes. 

"J'ai beaucoup de respect pour l'ONU en général et pour la Haut-commissaire mais je voudrais rappeler à tout le monde que, en France, nous sommes un Etat de droit: quand il y a une plainte, elle est instruite, et à chaque fois que nous avons considéré qu'il y avait des faits qui justifiaient l'ouverture d'une enquête administrative - je ne parle même pas des enquêtes judiciaires - nous l'avons fait", a déclaré ce mercredi soir sur le plateau de BFMTV, Edouard Philippe. 

Le Premier ministre a également suggéré "d'expliquer à Madame la Haut-Commissaire l'ensemble des faits et notamment l'extrême violence qui s'est déchaînée contre les forces de l'ordre, un certain nombre de propriétés ou de biens privés ou publics", voire contre "des symboles de la République". 

Une "extrême violence" qu'il a à nouveau brandi alors qu'il était interrogé sur l'usage des armes par les forces de l'ordre. L'emploi de lanceurs de balles de défense, qui peut causer de graves blessures, est au coeur de vives controverses. 

21 éborgnés dans les manifestations

Le journaliste David Dufresne a adressé quelque 500 signalements de blessures supposément causées par les forces de l'ordre au ministère de l'Intérieur: début mars, il recensait 483 cas de violences policières, 202 blessures et 21 personnes éborgnées. Selon l'Intérieur, 140 enquêtes ont été ouvertes à ce sujet par la police des polices. 

"Quand une manifestation se disperse, quand on sent le moment où quelques excités ou quelques personnes très calmes ont clairement pour volonté de faire basculer l'ensemble dans la violence, à ce moment-là, ceux qui restent, qui regardent, se rendent d'une certaine façon complices de quelque chose qui n'est pas acceptable", a estimé Edouard Philippe. 

Plusieurs blessés assurent pourtant ne pas avoir participé à des débordements en manifestation, voire n'avoir même pas participé à de rassemblement et avoir reçu des projectiles en marge des cortèges. 

"Curieusement on ne cite pas les violences policières"

"J'observe que dans la recension des faits, vous ne parlez pas des violences commises à l'égard des forces de l'ordre. C'est facile, évidemment il y en a, et curieusement on ne les cite pas, et elles ont été considérables", s'est emporté le Premier ministre. 

Sur son site, David Dufresne explique d'ailleurs ne pas recenser les violences policières car elles le sont déjà par "de nombreux médias nationaux" et par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales

Le Premier ministre a de son côté martelé qu'il fallait "évidemment faire la lumière et toute la transparence sur l'ensemble des faits". "J'aime beaucoup entendre les conseils du Haut-Commissaire de l'ONU", a glissé Edouard Philippe, "enfin je rappelle qu'en France, on est un Etat de droit, et que la République, à la fin, est la plus forte".

Liv Audigane