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Naufrage du Grande America: comment vont se dérouler les opérations antipollution?

Une deuxième nappe de fioul a été repérée près du navire italien qui a coulé mardi au large des côtes françaises. Lors d'une conférence de presse ce jeudi, François de Rugy et la préfecture maritime ont déclaré que les opérations de pompage allaient pouvoir commencer dans les heures à venir, si les conditions météo s'amélioraient.

Depuis la préfecture maritime de Brest dans le Finistère, le ministre de la Transition Écologique François de Rugy et le porte-parole de la préfecture maritime ont fait un point ce jeudi sur la situation des opérations de lutte antipollution en cours dans l'océan Atlantique, après le naufrage du Grande America.

Le navire de commerce italien a coulé mardi, alors qu'il était en proie à un violent incendie depuis dimanche. Une première nappe d'hydrocarbure a été repérée mercredi par la préfecture maritime, alors qu'à bord du navire se trouvaient 45 conteneurs qui contiennent des matières dangereuses. Cette nappe pourrait atteindre les côtes françaises la semaine prochaine.

Une deuxième nappe de pollution constatée

Le ministre de la Transition Écologique a confirmé lors de sa conférence de presse la présence d'une deuxième nappe d'hydrocarbures dans l'Océan Atlantique. Ces nappes, "qui sont celles du fioul de propulsion du Grande America", sont "distantes d'une vingtaine de kilomètres" l'une de l'autre. 

Selon le porte-parole de la préfecture maritime de l'Atlantique Riaz Akhoune, les dernières opérations de patrouille réalisées ce jeudi matin ont permis de constater qu'une des nappes de fioul s'avère être "assez compacte", d'"une longueur de 13 km et d'une largeur de 7 km". Quant à la seconde, "plus morcelée", elle est d'une longueur "de 9 km sur 7 km". 

Pollution attendue sur les côtes "la semaine prochaine"

Stéphane Doll, directeur du Cedre (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux), a également précisé que les deux nappes dérivaient "plein est" à une vitesse de 35 km par jour mais qu'elles ne devraient pas atteindre le littoral "tout de suite", et "probablement pas avant la semaine prochaine".

Plusieurs bateaux envoyés sur place

François de Rugy a assuré que plusieurs bateaux seraient envoyés sur les lieux du naufrage du Grande America pour mener les opérations de pompage sur les deux nappes d'hydrocarbures, et que celles-ci "seraient guidées par des drones et par l'avion Falcone 50 qui permettent d'avoir des images précises et d'autres plus globales".

"Quatre bateaux seront donc sur la zone de pollution pour procéder, autant que possible, au pompage des résidus de fioul lourd qui était dans les soutes du Grande America, qui était le fioul du propulsion du bateau", a-t-il déclaré de Brest.
"Le Saper va faire un aller-retour express cette nuit à Brest pour pouvoir charger du matériel adapté à la lutte antipollution, le navire Partisan qui vient d'appareiller et que nous avons pu visiter", a détaillé le ministre. "Ces deux bateaux seront appuyés et soutenus par un autre bateau de l'agence européenne maritime qui va appareiller d'Espagne cet après-midi. Un bateau de soutien de la Marine nationale, le Rhône, appareillera lui de Lorient".

  • Par ailleurs, l'armateur du bateau naufragé (Grimaldi), a fait savoir dans un communiqué de presse qu'un navire nommé "Pourquoi Pas?", équipé de deux sondeurs capables de descendre à 6.000 mètres de profondeur, était en route vers la zone du sinistre. Ce navire transporte un sous-marin de l’Ifremer, "le Nautile", connu pour ses explorations du Titanic et des restes du vol Rio-Paris retrouvés en mer. Actuellement en mission au large de la Crête, il devrait arriver d'ici plusieurs jours.

"Une course contre-la-montre"

"C'est une couse contre-la-montre pour pouvoir intervenir au plus tôt", a alerté le n°2 du gouvernement, tout en précisant que "des moyens à terre se préparaient" dans les départements qui pourraient être concernés par les galettes ou les boulettes de fioul sur leurs côtes.

"Notre objectif est de pomper tout ce qui pourra être pompé, pour éviter au maximum que ces nappes ne se disloquent en plus petites nappes et en boulettes", a-t-il déclaré. Le ministre a ajouté qu'il espérait que les conditions météo s'améliorent. Car ces dernières sont "actuellement très dégradées et limitent nos capacités d'intervention", d'après Riaz Akhoune, le porte-parole de la préfecture maritime de Brest.

"Nous faisons tout pour pomper mais cela n'est possible en mer que si un certain nombre de conditions sont réunies", a déploré François de Rugy.

"Nous ne sommes pas dans la situation de l'Erika"

"Il faut être clair. Nous ne sommes pas du tout dans la situation de l'Erika (en 1999) où c'était un pétrolier qui s'était cassé en deux à proximité des côtes et qui donc avait déversé toute sa cargaison de fioul vers les côtes." 

"Cette pollution maritime par hydrocarbure n'est pas comparable aux marées noires du passé car le Grande America n'est pas un pétrolier", a répété Riaz Akhoune, porte-parole de la préfecture maritime. Dans le cas présent, il s'agit d'"environ 2.000, 2.500 tonnes de combustible de navigation", a-t-il tempéré. 

Une enquête ouverte

"Le risque existe que des résidus, que nous ne parviendrions pas à pomper intégralement, arrivent sur les côtes. (...) Compte tenu du vent dominant d'ouest, l'avancée se fait vers l'est donc vers les côtes françaises et notamment la Charente-Maritime ou la Gironde", a cependant rappelé François de Rugy. L'enquête ouverte par le parquet permettra de "remonter l'historique" du navire et de regarder "s'il y a une responsabilité de l'armateur voire de l'équipage", a encore indiqué François de Rugy.

Jeanne Bulant