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Gouvernement

"Massacre du système social": la gauche dénonce la proposition de Bergé sur le congé parental

Aurore Bergé, nommée ministre des Solidarités, le 20 juillet 2023 à Paris

Aurore Bergé, nommée ministre des Solidarités, le 20 juillet 2023 à Paris - Alain JOCARD

La nouvelle ministre des Solidarités veut réfléchir à "un congé parental plus court mais mieux indemnisé" et à un mode de garde pour "toutes les familles".

Cela ne fait pas encore une semaine qu'Aurore Bergé est devenue ministre des Solidarités, mais l'ex-patronne des députés Renaissance s'attire déjà les foudres de la gauche. En cause: un entretien pour Ouest France - le premier depuis qu'elle est membre du gouvernement - dans lequel la macroniste met sur la table la possibilité de réformer le congé parental pour, pour qu'il puisse être plus court mais mieux rémunéré.

"En marche arrière"

"Ah...ça commence bien", a commenté avec humour Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EE-LV. Ses collègues de gauche Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes, et Ian Brossat, porte-parole du PCF, ont également réagi avec ironie. "On vous paie plus pour être moins longtemps avec votre enfant! Ça vous dit?", a interrogé le premier, alors que le second a glissé une petite boutade:

"Si les ministres pouvaient prendre congé tout court, ça ferait des vacances à tout le monde..."

Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, et sa collègue Raquel Garrido, se sont contentés d'un commentaire lapidaire, l'un dénonçant un mouvement "en marche arrière" et l'autre qualifiant cette prise de position de "grotesque".

La députée écologiste Sandrine Rousseau a quant à elle accusé Aurore Bergé et son camp de "mettre le feu partout".

"Vous ne pouvez pas faire une pause dans votre massacre du système social? Même quelques semaines, qu'on ait le temps de respirer un peu?", a tancé l'élue de Paris.

"Un vrai choix" pour les familles

De son côté, Aurore Bergé estime qu'une telle réforme permettrait de "laisser un vrai choix aux familles".

"Aujourd’hui, trop de femmes prennent un congé parental long parce qu’elles n’ont pas de solution pour faire garder leur enfant", a souligné la macroniste dans Ouest France, relevant également que "trop de mères et de pères renoncent au congé parental parce qu'il est trop faiblement indemnisé."

Cette réflexion est dans les tuyaux depuis plusieurs années. Un rapport remis en 2021 au gouvernement évoquait déjà cette piste, sans guère d'avancées jusqu'ici.

Aujourd'hui, le congé parental, qui permet aux parents salariés de s'arrêter de travailler partiellement ou totalement à l'occasion de la naissance d'un enfant ou dans les premières années de vie, ne peut pas excéder un an en théorie. Des prolongations sont cependant possibles sous condition. 428,71 euros sont versés chaque mois par la CAF pour un congé parental à temps complet.

"C'est précisément l'inverse qu'il faut mettre en place"

Pour permettre aux parents de reprendre le travail plus tôt, la ministre des Solidarités a également rappelé un objectif du gouvernement: la création de "200.000 places de crèches d'ici 2030".

Pour le député insoumis Aymeric Caron, "c'est précisément l'inverse qu'il faut mettre en place: permettre aux parents qui le souhaitent d’élever leur enfant au quotidien les premières années, sans avoir à le confier à une crèche." Dès lors, il faudrait "prolonger fortement le congé parental" et "beaucoup mieux" l'indemniser, estime-t-il.

Baptiste Farge