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Manuel Valls: "Une partie de la gauche a vingt ans de retard"

Manuel Valls, le 9 mai 2016 à Paris.

Manuel Valls, le 9 mai 2016 à Paris. - Eric Feferberg - AFP

En visite à Carcassonne vendredi, le Premier ministre a défendu son bilan, et notamment le vote de la loi Travail, dans une interview à La Dépêche du Midi.

De gauche, défenseur du bilan du quinquennat en cours et confiant pour l'avenir. C'est ainsi que s'affiche Manuel Valls vendredi dans une interview accordée à La Dépêche du Midi, publiée à l'occasion de sa visite dans l'Aude. Interrogé sur la loi Travail, le Premier ministre a affirmé qu'elle allait "dans le bon sens" et a regretté les résistances au texte:

"Une partie de la gauche a vingt ans de retard par rapport aux évolutions du marché du travail, aux changements dans l'entreprise. Or, la norme aujourd'hui, c'est la précarité et le CDD! Alors, soit on réforme, soit on accepte le système tel qu'il est. Il faut assumer ce que nous faisons."

Pour Manuel Valls, "le réformisme" qu'il "incarne" et que "représente aussi la CFDT" est "en train de s'appliquer" malgré "les contestations du monde syndical et les oppositions au sein du groupe socialiste".

"Quoi qu'il arrive, je me prépare pour l'avenir"

Interrogé sur une victoire de la gauche à la présidentielle en 2017, Manuel Valls s'est montré plutôt optimiste. "Contrairement à d'autres, je n'ai pas tiré un trait sur une victoire de la gauche à l'élection présidentielle", a-t-il déclaré. Tout en reconnaissant que cette victoire était conditionnée: 

"Le seul moyen de gagner la présidentielle, c'est d'assumer ce que nous avons fait depuis 2012, même s'il y a eu des erreurs. Nous devons assumer, notre social-démocratie à la française, l'idée que la gauche doit se reconnaître dans le progrès social, éducatif, l'innovation, de nouveaux droits pour les citoyens, mais aussi l'autorité, la laïcité et enfin une politique économique que nous portons et qui obtient des résultats."

Concernant cette échéance et la primaire de la gauche qui devrait la précéder, le chef du gouvernement a dit à demi-mot ne pas y penser: 

"A la place qui est la mienne, je ne peux pas avoir un agenda caché. Je ne peux pas être dedans et dehors; je ne peux pas gouverner et me préparer à une éventualité."

Pour autant le Premier ministre ne se prive pas de toute ambition personnelle à plus long terme: "Quoi qu'il arrive, je me prépare pour l'avenir; cet avenir, il m'appartient de l'écrire et aux Français de l'arbitrer."

Nuit Debout en comité d'accueil

Lors de sa visite dans l'Aude, Manuel Valls doit notamment signer une convention liant l'Etat au département dans le cadre du schéma d'amélioration de l'accessibilité des services publics. Est également prévue une rencontre avec des viticulteurs, alors que la profession dénonce un manque d'harmonisation des règles de l'Union européenne et s'inquiète de l'essor de l'importation des vins espagnols.

Le soir, le Premier ministre rejoindra les tribunes du théâtre Jean-Deschamps, où son épouse Anne Gravoin, violoniste, sera sur scène pour l'opéra de Giacomo Puccini La Bohème.

Engagé contre la loi Travail, le collectif "Nuit Debout" de Carcassonne prépare pour sa part un rassemblement à 17 heures pour souhaiter "bienvenue" à Manuel Valls. Les participants devraient "planter des croix symbolisant la mort du code du travail et dénoncer les dérives de cette soi-disant démocratie", a expliqué le collectif à La Dépêche. Le soir, les partisans ont prévu de jouer avec leurs propres "instruments de musique" (casseroles, sifflets...) "pour accompagner le concert d'Anne Gravoin". 

Ma. G.