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Levallois-Perret: pour Denormandie, il ne revient pas au gouvernement de révoquer les Balkany

Julien Denormandie invité de BFMTV et RMC ce lundi matin

Julien Denormandie invité de BFMTV et RMC ce lundi matin - BFMTV

Malgré leur condamnation à de la prison ferme et dix ans d'inéligibilité, les époux Patrick et Isabelle Balkany sont toujours à la tête de la mairie de Levallois-Perret. Mais pour le ministre de la Ville Julien Denormandie, les conditions ne sont pas requises pour que le conseil des ministres ne les révoque.

Immoral mais pas illégal. Trois jours après l'emprisonnement de Patrick Balkany, reconnu coupable de fraude fiscale et condamné à 4 ans de prison ferme et dix ans d'inéligibilité, le cas de la mairie de Levallois-Perret soulève toujours autant de questions. Parce que techniquement, l'élu reste maire de cette ville des Hauts-de-Seine. S'il est temporairement remplacé par son épouse Isabelle Balkany, qui est également sa première adjointe, et elle aussi condamnée à trois ans de prison ferme sans mandat de dépôt, Patrick Balkany pourrait continuer à gérer sa ville s'il était remis en liberté avant son prochain procès en appel. A moins que le gouvernement ne décide de le révoquer?

"Il faut qu'il y ait des raisons"

"Il faut qu'il y ait des raisons", affirme ce lundi matin sur BFMTV-RMC Julien Denormandie, visiblement embarrassé par le sujet. "Ça arrive de révoquer des maires pour des fautes de gestions", poursuit le ministre du Logement et de la Ville.

"Quand est-ce qu'un conseil des ministres a la possibilité de révoquer un maire? C'est quand il est prouvé, indiqué, qu'un maire n'est plus en capacité d'administrer la ville dont il a la charge", détaille-t-il.

Décent vs indécent

Si les époux Balkany ont été reconnus coupables d'avoir soustrait des millions d'euros au fisc, ce qui a un coût pour la société, il n'a en effet jamais été question d'argent public: la manière dont a été gérée la ville de Levallois-Perret n'est ici pas mise en cause.

Pour le ministre, la question est finalement d'ordre "moral". "Est-ce décent ou indécent, quand une personne est condamnée, d'aller ensuite pavoiser sur l'Hôtel de Ville, en disant 'venez nous soutenir'?", interroge notre invité, en référence aux rassemblements de soutien organisés ce week-end dans le fief des Balkany, et auxquels a participé activement Isabelle.

"C'est une question de comportement, pas de gestion de la ville", balaie finalement Julien Denormandie, curieux de voir "au-delà du jugement judiciaire", leur prochain "jugement électif" s'ils sont en mesure de se représenter.

Belloubet "trouve que c'est choquant"

Également questionnée à ce titre dimanche lors de son passage au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, la ministre de la Justice Nicole Belloubet n'a pas caché son étonnement face à cette situation. Et en particulier sur le fait qu'Isabelle Balkany ait pu succéder à son mari, malgré leur double condamnation.

"La règle de droit s'applique ainsi", a-t-elle commenté, mais "on peut trouver que c'est choquant du point de vue politique". Avant de laisser transparaître, elle aussi, une certaine gêne: "Je trouve que c'est choquant mais comment faire?"
Jérémy Maccaud