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Les approximations d'Emmanuel Macron pour justifier le 49-3

Emmanuel Macron devant des journalistes, à l'issue d'un entretien avec son homologue allemand Sigmar Gabriel et les présidents de la Commission européenne et du Parlement européen à Strasbourg.

Emmanuel Macron devant des journalistes, à l'issue d'un entretien avec son homologue allemand Sigmar Gabriel et les présidents de la Commission européenne et du Parlement européen à Strasbourg. - BFMTV

Emmanuel Macron n'a pas hésité à brandir mardi la menace d'un nouveau recours au 49-3. "Nous avons les moyens institutionnels de continuer à avancer", a-t-il assuré, en s'emmêlant les pinceaux dans son argumentation.

Emmanuel Macron est à Strasbourg pour défendre les réformes françaises au Parlement européen. "Je suis venu expliquer notre plan national de réforme", a-t-il expliqué à la presse. Interrogé sur sa capacité à poursuivre le travail, deux mois après le recours au 49-3 sur la loi Macron, il n'a pas hésité à brandir la menace d'un nouveau recours à cet article de la Constitution qui permet de passer en force face à une majorité récalcitrante.

"Nous avons les moyens institutionnels de continuer à avancer, a assuré Emmanuel Macron. C'est le 84e 49-3 de la Vème république. J'ai peur de vous dire qu'il y aura vraisemblablement un 85e et un 86e. C'est comme ça que notre système institutionnel fonctionne".

Macron confond Rocard et Jospin, CMU et CSG

"Tout le monde a oublié que la couverture maladie universelle a été votée par Michel Rocard sur la base d'un 49-3 et il a dû en faire des dizaines d'ailleurs", a pointé le ministre pensant trouver le bon argument pour rallier les socialistes, en rappelant la genèse de cette mesure de gauche. Sauf que lui-même a oublié l'histoire de cette loi.

Michel Rocard est le Premier ministre qui a eu le plus recours au 49-3 en engageant 28 fois la responsabilité de son gouvernement entre 1988 et 1991, sur la CSG (Contribution sociale généralisée) notamment, mais pas sur la CMU.

La CMU a été adoptée alors que Lionel Jospin était Premier ministre en 1999 sans recours au 49-3 mais à l'article 45 de la Constitution soit en première lecture à l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence.

Emmanuel Macron a par ailleurs expliqué ne pas avoir de "fausses pudeurs" sur le sujet, mais au sein de l'exécutif d'autres en ont ou en ont eu. En effet, si Emmanuel Macron récusait déjà sur BFMTV le 18 février dernier le terme de "passage en force", François Hollande l'utilisait pourtant en 2006, alors que le gouvernement de Dominique de Villepin envisageait d'utiliser cette procédure pour faire adopter la loi "Egalité des chances". Alors premier secrétaire du Parti socialiste, regrettait "une violation des droits du Parlement, une brutalité, un déni de démocratie, une manière de freiner ou d'empêcher la mobilisation".