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Gouvernement

Le gouvernement mise sur un plan pour éviter la colère étudiante

Manifestation contre les ordonnances sur le code du travail à Lyon, le 12 septembre 2017.

Manifestation contre les ordonnances sur le code du travail à Lyon, le 12 septembre 2017. - Jean-Philippe Ksiazek - AFP

Outre la grève des fonctionnaires, l'exécutif craint que le mécontentement gagne les étudiants.

Facs bloquées, blocus lycéens, manifestations étudiantes… Dans un contexte social mouvementé, le gouvernement veut à tout prix éviter une révolte étudiante. L'annonce de l'augmentation des APL de 5 euros, une mesure très concrète pour le quotidien des étudiants, a échauffé les esprits cet été. Désormais, l'exécutif cherche à éteindre l'incendie, et surtout à éviter qu'il se rallume via d'autres feux – comme la grève des fonctionnaires mardi, par exemple.

Sur Europe 1, Edouard Philippe s'est dit "très heureux" de pouvoir rencontrer les représentants des deux grandes organisations syndicales lundi matin, l'Unef et la Fage. Il y a été notamment question de "la mise en place des contrats réussite" voulus par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal, ainsi que du deuxième volet du plan étudiant lancé par le gouvernement.

L'Unef n'exclut pas d'appeler à la mobilisation étudiante

Outre "l'amélioration les conditions de vie et de pouvoir d'achat" des étudiants, la question des prérequis à l'université a également été évoquée. Celle de la santé aussi, via par exemple l'affiliation des étudiants à la sécurité sociale classique pour en finir avec les mutuelles étudiantes obligatoires et coûteuses. Bref, le message est clair: dorlotons les étudiants, avant qu'ils aient l'idée de descendre dans la rue.

Mais à la sortie du rendez-vous, Lilâ Le Bas, présidente de l'Unef, indique que s'il y a eu "un échange de positions", aucune annonce ne lui a été faite par le Premier ministre.

Quant à la loi Travail, elle n'a pas été évoquée, mais la jeune leader syndicale rappelle que l'Unef a été mobilisée en septembre contre le texte. Elle le sera aussi mardi "pour notamment revendiquer un investissement d'ampleur dans l'enseignement supérieur". Puis elle ajoute, comme un avertissement: "Il faut que le gouvernement prenne nos revendications en compte. Sinon on appellera les étudiants à se mobiliser et à descendre dans la rue. Ils le savent bien, on l'a déjà fait. La balle est désormais dans leur camp".

La France insoumise cible les étudiants

La force de frappe étudiante effraie, et dans l'opposition, on l'a bien compris. "On sait que La France insoumise fait tout pour mobiliser cette catégorie et attise la grogne étudiante", confie une source gouvernementale citée par L'Opinion. 30% des 18-24 ans ont voté pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle: la France insoumise compte donc sur les étudiants pour souffler sur les braises de la grogne sociale. La semaine dernière, des tracts destinés aux étudiants ont été distribués dans les universités, et les élus LFI, jeunes ou moins jeunes, multiplient les interventions dans les universités. "Il est temps de vous mettre en mouvement, de vous bouger", appelle Jean-Luc Mélenchon dans l'une de ses dernières vidéos.

La manifestation de mardi tiendra lieu de premier test sur la capacité de la FI à mobiliser les étudiants. Au gouvernement, on espère avoir réussi à désamorcer la grogne avant qu'elle se concrétise par des manifestations.

Ariane Kujawski