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La "police des polices" pourra bientôt être saisie via Internet

Des policiers dans une cité du Nord de Marseille, en février dernier.

Des policiers dans une cité du Nord de Marseille, en février dernier. - -

Manuel Valls a confirmé qu'à partir de septembre, les Français pourront saisir la "police des polices" pour signaler toute violence ou corruption. Un procédé quasi-impossible actuellement en province.

On les surnomme les "boeuf-carottes" dans le jargon policier, pour leur réputation à faire mijoter leurs collègues pris en faute. A partir de septembre prochain, les Français pourront saisir directement sur Internet cette "police des polices" s'ils sont victimes ou témoins d'une bavure ou d'un fait de corruption. Une petite révolution confirmée dimanche par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls sur M6, mais qui passe plutôt mal auprès des syndicats.

"Tout est ficelé d'avance", s'indigne Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance, syndicat des gardiens de la paix. "La plainte en ligne va nous stigmatiser". "C'est injustifié et injustifiable", surenchérit Patrice Ribeiro de Synergie, syndicat d'officiers. "75% des plaintes contre les policiers sont des calomnies. Cela va multiplier les plaintes. On ouvre une boîte de Pandore."

Jean-Marc Bailleul, du SNOP-SCSI, majoritaire chez les officiers, est plus mesuré: "Il n'y a pas de raison que cela jette la suspicion, mais il "faudra que les petites affaires soient traitées en interne pour ne pas surcharger" la "police des polices" qui "va travailler à effectifs constants" soit un peu plus de 200 personnes. Tous affirment en outre être "l'administration la plus contrôlée"...ce que reconnaît la place Beauvau.

Un fonctionnement inégalitaire actuellement

Jusqu'à présent, deux structures assurent ce travail de surveillance de la police: l'Inspection générale des services (IGS), qui s'occupe des enquêtes en région parisienne, et l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui gère la province. Autre différence de taille: la première peut être saisie par des particuliers via une plainte en commissariat, la seconde non. Seul le procureur ou le directeur de la police peuvent saisir l'IGPN, ce qui signifie qu'un particulier en province doit forcément passer par la justice. Un fonctionnement inégalitaire entre l'Ile-de-France et les autres régions, critiqué par la Cour des comptes en 2010.

A compter du 1er septembre, il n'y aura qu'une seule "police des polices". N'importe quel citoyen pourra la saisir grâce à une plate-forme nationale de signalement sur internet ouverte à tous, à condition de s'identifier, quel que soit son lieu d'habitation.

En 2012, l'IGS a été saisie plus de mille fois par la justice ou l'administration. 400 de ces saisines émanaient de particuliers. Elle mène chaque année plus de 10.000 enquêtes et propose plus de 2.000 sanctions contre de présumés "ripoux".

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