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"La France aujourd'hui ne connait pas l'apartheid", répond Larrivé à Valls

Manuel Valls lors de ses vœux à la presse.

Manuel Valls lors de ses vœux à la presse. - Patrick Kovarik - AFP

Manuel Valls a promis mardi de lutter contre "l'apartheid territorial, social, ethnique" qui existe en France. Un terme fort qui ne laisse pas indifférent une partie de la classe politique

Manuel Valls a pointé mardi les "maux qui rongent" notre pays et les défis à relever. Lors de ses vœux à la presse, le Premier ministre a employé un terme lourd de sens celui "d'apartheid".

"Les émeutes de 2005, qui s'en rappelle aujourd'hui? Et pourtant les stigmates sont toujours présents, la relégation péri-urbaine, les ghettos, ce que j'évoquais en 2005 déjà, un apartheid territorial, social, ethnique, qui s'est imposé à notre pays", a dit le Premier ministre.

Une déclaration qui a agacé à droite. Et si dans ce contexte d'unité nationale, les critiques sont rares, certains n'ont pas hésité à condamner les propos du chef du gouvernement.

"C'est vraiment excessif", juge ainsi le député UMP de la Manche, Philippe Gosselin. "Je pense que les mots ont un sens, la France aujourd'hui ne connaît pas l'apartheid que pratiquait les dirigeants de l'Afrique du Sud", réagit Guillaume Larrivé au micro de BFMTV. Le député UMP de l'Yonne recommande au Premier ministre d'être "très précis dans les mots que nous employons".

"De l'huile sur le feu"

"Manuel Valls a tenu des propos aussi irresponsables qu'insultants pour notre pays. Estimer qu'il existe en France 'un apartheid territorial, social, ethnique' est d'abord une insulte à la France, mise sur le même plan qu'un régime infâme que le monde entier en son temps a condamné", condamne, pour sa part, Florian Philippot, vice-président du Front national, dans un communiqué. "Manuel Valls voudrait mettre de l'huile sur le feu, il ne s'y prendrait pas autrement", avait immédiatement fustigé Florian Philippot sur Twitter.

"Des fractures, énormes, béantes"

Mis à ces part ces quelques critiques, les propos de Manuel Valls ont également trouvé un écho favorable dans les rangs de l'opposition. "Les mots correspondent à une réalité dans certains quartiers malheureusement", considère ainsi le député Sébastien Huyghe, porte-parole de l'UMP.

"C'est un mot qui est certes fort mais c'est un mot qu'il avait déjà utilisé, et qui parce qu'il est fort, montre l'exigence républicaine à laquelle nous sommes confrontés. Il y a des fractures, énormes, béantes sur notre territoire qu'il convient de résoudre", abonde de son côté Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée et député de Seine Saint Denis.

Si Manuel Valls n'avait jamais utilisé un tel vocabulaire depuis son arrivée à Matignon, il évoquait déjà un tel "apartheid" en 2005, dans un livre d'entretiens avec Virgine Malabard, intitulé La laïcité en face (Editions Desclée de Brouwer). Il avait également réutilisé ce mot en 2009. 

Karine Lambin