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Gouvernement

Jouanno tape sur le gouvernement et qualifie le grand débat de "faussé"

Chantal Jouanno à l'Elysée en novembre 2014.

Chantal Jouanno à l'Elysée en novembre 2014. - ALAIN JOCARD / AFP

La présidente de la CNDP reproche au gouvernement d'avoir cadenassé le grand débat en en fixant les thèmes.

Elle n'aura pas mis beaucoup de temps à prendre ses distances avec le gouvernement. Invitée ce vendredi matin de LCI, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), Chantal Jouanno, a vertement critiqué le grand débat national. Un processus qu'elle assimile à une "opération de communication".

L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy s'était retirée début janvier de l'organisation du grand débat, en raison d'une polémique sur son salaire. Elle avait ensuite annoncé l'interruption de la mission de la CNDP en faisant publier, le 14 janvier, un rapport déconseillant de fixer des "lignes rouges".

Processus trop fermé

La plateforme internet préparée par la CNDP "était prête, sauf qu'en fait, ils ont tout refait", a raconté Chantal Jouanno sur LCI.

"On n'avait pas prévu de faire une opération de communication mais un grand débat, donc on avait prévu de faire une plateforme numérique totalement ouverte, (...) où tout le monde pouvait échanger sur n'importe quel sujet", a-t-elle expliqué.

"Le grand débat est faussé" selon l'intéressée. "Nous n'avions pas voulu que le grand débat se résume à un questionnaire sur quatre thèmes, nous avions dit [au gouvernement, NDLR]: 'Aujourd'hui le grand débat se limite pour vous à la possibilité de ne débattre que des quatre thèmes et de ne répondre qu'aux questions qui sont posées par le gouvernement', ce n'est pas ça un grand débat", regrette Chantal Jouanno.

"Le principe d'un débat public, ce n'est pas de poser des questions aux Français, c'est les Français qui vous posent des questions, c'est eux qui s'expriment, c'est eux qui disent ce qui leur tient à cœur", a-t-elle souligné.

"Questions orientées"

Le grand débat national actuellement mené par le gouvernement est à ses yeux une "consultation". "C'est un autre exercice, où vous choisissez les questions, qui sont forcément orientées, forcément il y a toujours des biais dans les questions que vous posez. Là par exemple, si vous voulez travailler sur la question du travailleur pauvre et du pouvoir d'achat, il n'y a aucune question qui porte sur ce sujet", juge l'ancienne karatéka.

Qualifiant le dispositif de "verrouillé", Chantal Jouanno est également revenue sur la polémique autour de son salaire et de sa fonction en pointant du doigt l'exécutif:

"C'est beaucoup plus simple effectivement de s'attaquer à la CNDP et de dire qu'elle n'a pas fait son travail. Mais moi je défends une institution (...) qui depuis 20 ans, a fait la preuve de son efficacité sur les débats publics. Je défends une équipe qui a bossé, qui a vraiment fait ce qu'on lui demandait avec ses principes et ses valeurs."

Emmanuel Macron a défendu ses choix plusieurs heures devant des maires à trois reprises depuis le début du grand débat, à Grand-Bourgtheroulde (Eure), Souillac (Lot) et Valence (Drôme). Après ce dernier rendez-vous, jeudi, le président s'est invité dans la commune proche de Bourg-de-Péage à un débat-citoyen avec des gilets jaunes.
Jules Pecnard avec AFP