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ISF: le nouveau piège politique sur Emmanuel Macron

Costard, ISF,... ces derniers jours sont agités pour le ministre de l'Economie. Des grains de sable dans la machine politique qu'il souhaite lancer, "En marche".

Avec les ambitions viennent les problèmes. Emmanuel Macron en fait l'expérience ces derniers jours, alors qu'il est en train de lancer son mouvement, "En Marche", et que ses envies de prendre de plus en plus de place sur l'échiquier politique français se font de plus en plus ostentatoires. Dernier en date: les révélations de Mediapart et du Canard enchaîné expliquant que le médiatique ministre de l'Economie va devoir payer de façon rétroactive l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

Entré au gouvernement en août 2014 après avoir occupé pendant deux ans le poste de secrétaire général adjoint de l'Elysée, Emmanuel Macron n'était jusque-là pas assujetti à l'ISF, payé par les ménages disposant d'un patrimoine supérieur à 1,3 million d'euros. Mais selon Mediapart, "les vérifications entreprises" après son arrivée à Bercy, dans le cadre des mesures de transparence mises en place par le gouvernement après l'affaire Cahuzac, ont conduit le fisc à réévaluer son patrimoine, lui faisant "franchir le seuil de l'ISF". Une opération qui peut arriver quand la valeur d'un bien immobilier évolue, par exemple, comme c'est le cas ici avec la demeure de son épouse, située au Touquet.

"Il y a beaucoup de gens qui veulent la peau d'Emmanuel Macron"

Si l'affaire n'est en rien comparable avec celles de Jérôme Cahuzac et Thomas Thévenoud, elle peut toutefois avoir un sens politique. Le ministre lui même explique que ces révélations sont favorisées par des personnes qui lui voudraient du mal. Sans jamais viser personne. "On cherche à me salir", lâche-t-il ce mardi alors qu'il s'explique sur sa situation fiscale. "Je suis en conformité avec l'administration fiscale", martèle le ministre. Puis juge que, "ces derniers jours, il y a un emballement sur tous les sujets pour essayer de me déstabiliser, me fragiliser". "Je ne suis pas naïf, bon courage à ceux qui tentent cela, bonne chance. Cela ne m'arrêtera pas".

Du côté de ses soutiens, comme Pascal Terrasse, député de l'Ardèche, on estime qu"'il y a beaucoup de gens qui veulent la peau d'Emmanuel Macron." Une manière implicite de dire que cela doit bien profiter à quelqu'un. Au Lab d'Europe 1, le parlementaire ajoute qu'il pourrait s'agir de "soldats mal intentionnés de Bercy restés au pouvoir après l'alternance de 2012". Interrogé sur de possibles fuites venant de l'exécutif en place, il assure "ne pas l'espérer". Arnaud Leroy, autre soutien du ministre de l'Economie, député des Français établis hors de France, parle même d'une "chasse au Macron" sur Twitter. 

Sur le plateau de BFMTV, la journaliste Ruth Elkrief voit ça comme un rituel d'accueil dans la cour de ceux qui comptent dans l'arène politique. "Bienvenue au club, c'est comme une reconnaissance, c'est un vrai homme politique, il a des peaux de bananes", analyse-t-elle. Pour Laurent Neumann, éditorialiste BFMTV, "celui ou ceux qui ont eu l'idée de faire sortir cette histoire ont un sens politique assez aiguisé".

Des arguments pour les anti-Macron

De fait, cette histoire arrive quinze jours après des propos polémiques d'Emmanuel Macron sur l'ISF. Le locataire de Bercy avait alors critiqué en creux ce dispositif fiscal, habituellement défendu par la gauche. "Si on a une préférence pour le risque face à la rente, ce qui est mon cas, il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF", avait-il déclaré. Ces propos lui avaient valu un rappel à l'ordre de Manuel Valls. "Supprimer l'impôt sur la fortune, qu'on peut toujours améliorer, rendre plus efficace d'un point de vue économique, serait une faute", avait répliqué le Premier ministre. 

Une affaire qui donne du grain à moudre à ceux qu'Emmanuel Macron agace. Et notamment à sa gauche. Quelques jours plus tôt, il y a déjà eu l'épisode du costard. Une vidéo a montré un échange musclé entre le ministre et des militants hostiles à la loi Travail lors d'un déplacement à Lunel. "Vous n'allez pas me faire peur avec votre t-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler", avait-il alors assuré, alors qu'il était pris à partie sur la loi Travail. "Quand on sollicite le suffrage ou qu’on prétend le faire, la première précaution à avoir, c’est de respecter ceux, et notamment les plus modestes, qui disent qu’ils n’ont pas les moyens de se payer un costume", avait alors rétorqué Arnaud Montebourg, sur RTL. "Il ne connait pas la vraie vie", estimait aussi Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, sur BFMTV. 

Ironie de l'histoire, alors qu'il lançait son mouvement "En Marche", Le Parisien faisait savoir qu'il avait bénéficié des conseils de Ségolène Royal: "Tu vas voir, ils vont être méchants avec toi", lui glissait alors sa collègue du gouvernement. 

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Ivan Valerio