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Gouvernement

Grand débat national: plusieurs ministres affichent leur scepticisme

Les membres du gouvernement se rendent à pied à l'Elysée pour assister au premier Conseil des ministres de l'année, le 4 janvier 2019

Les membres du gouvernement se rendent à pied à l'Elysée pour assister au premier Conseil des ministres de l'année, le 4 janvier 2019 - Ian LANGSDON / POOL / AFP

"Au sein du gouvernement, il y en a qui y croient plus ou moins". Dans une enquête publiée ce dimanche par le JDD, plusieurs ministres expriment leurs doutes sur l'utilité du grand débat national souhaité par Emmanuel Macron.

Pour calmer la colère des gilets jaunes et tenter de réconcilier les Français avec le pouvoir en place, Emmanuel Macron a annoncé le lancement, le 15 janvier prochain, d'un grand débat national. Si les thèmes ont d'ores et déjà été définis par l'Elysée, la mise en place concrète de cette vaste consultation reste encore floue. De quoi inquiéter certains membres du gouvernement qui expriment leur scepticisme sur l'utilité même d'un tel exercice.

"Au sein du gouvernement, il y en a qui y croient plus ou moins", confie un ministre au Journal du dimanche, tandis qu'un autre confirme que "des ministres qui ne veulent pas du débat, il y en a". "Sur 34 ministres, cinq ou six ont déjà commencé à discuter avec les gilets jaunes mais beaucoup ne se mobilisent pas", assure ce membre du gouvernement.

Edouard Philippe "pas convaincu"

Si Mounir Mahjoubi, Brune Poirson, François de Rugy ou encore Marlène Schiappa ne cessent d'afficher leur enthousiasme, les ministres des Comptes publics, de l'Economie et de la Cohésion des territoires sont quant à eux plus dubitatifs. "Sébastien Lecornu vient d'une culture de droite où l'on déteste les débats participatifs et Gérald Darmanin n'a pas envie de défendre le débat: il a galéré à faire le budget donc il ne voit pas comment on s'en sort si on remet la fiscalité en question", assure un ministre au JDD.

Le Premier ministre lui-même serait assez sceptique sur l'utilité de ce grand débat national. Si un membre du gouvernement assure qu'il est "à fond", un haut responsable de la majorité confie qu'Edouard Philippe n'est pas "convaincu" de "l'enjeu crucial" de ce débat. "Il est loyal, mais il n'est pas habité par l'idée que ce débat peut être un tournant dans notre relation avec les Français", ajoute cette source.

Un artifice?

"Il ne faut pas donner l'impression qu'on essaie d'occuper les gens et qu'à la fin on ne tient pas compte de ce qui est dit", souligne un conseiller ministériel, toujours auprès du JDD, qui appelle à ne pas "remettre en cause les fondements de la politique gouvernementale". Un point de vue partagé par Bruno Le Maire qui déclarait récemment dans les colonnes du Point que cette concertation ne devait "en rien modifier les lignes de force du quinquennat". 

Or si ce grand débat n'entraîne aucun changement de cap de la part du gouvernement, difficile de croire qu'il apaisera la colère des Français. "Je trouve que c'est une connerie, ça sert à quoi? C'est un artifice pour calmer les gens", estime ainsi un proche d'Emmanuel Macron cité dans le JDD. Une inquiétude partagée par les Français dont la moitié craignent que le gouvernement ne tiendra pas compte des avis émis lors de cette consultation nationale.

Mélanie Rostagnat