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Gouvernement

Fronde policière: Borne apporte son "soutien" aux forces de l'ordre tout en appelant la "justice à faire son travail"

La Première ministre a mis ses pas dans ceux d'Emmanuel Macron, soutenant "les policiers très mobilisés ces dernières semaines" tout en appelant à respecter "la décision de la justice".

Tenter de clôre la polémique. En déplacement au Havre avec une partie de son gouvernement, Élisabeth Borne a réagi à son tour aux propos du directeur général de la police nationale (DGPN) qui a expliqué dimanche que "la place d'un policier n'était pas en prison" avant un procès.

"Il y a eu une décision de justice et elle doit pouvoir faire son travail sereinement", a expliqué la Première ministre en déplacement au Havre au micro de BFTMV.

Arrêts maladie et difficulté à déposer plainte

Avant d'apporter "tout son soutien aux policiers qui ont été très mobilisés ces dernières semaines", en référence aux émeutes urbaines qui ont enflammé une partie de la France fin juin.

La locataire de Matignon met ses pas dans ceux d'Emmanuel Macron, contraint de réagir après les propos du patron de la police nationale. Frédéric Veaux a déclaré auprès du Parisien dimanche être "empêché de dormir" par le placement en détention provisoire d'un policier marseillais, soupçonné d'avoir tiré au flashball puis roué de coup un jeune homme en marge des émeutes début juillet.

Trois autres fonctionnaires des BAC sud et centre de Marseille sont également mis en examen. Depuis, la colère monte dans les rangs policiers. Plusieurs centaines d'agents des forces de l'ordre de la cité phocéenne se sont mis en arrêt maladie.

Macron insiste sur "la déontologie" tout en reconnaissant "l'émotion des policiers"

D'autres ont répondu à l'appel du syndicat Unité SGP Police et se sont mis en "code 562", un jargon policier qui signifie qu'ils n'assument plus que les missions d'urgence et essentielles. Seules les plaintes "essentielles" sont désormais enregistrées dans les commissariats marseillais.

Sur Twitter, le préfet de police Laurent Nuñez, ex-bras droit de Gérald Darmanin à l'Intérieur, a indiqué dans la foulée de l'interview de Frédéric Veaux "partager les propos du DGPN". Le locataire de la place Beauvau est, lui, resté silencieux. Son entourage a cependant fait savoir la "très grande confiance" du ministère de l'Intérieur en Frédéric Veaux.

Depuis la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron a tenté de désamorcer la polémique. Le chef de l'État a ainsi évoqué "l'émotion" des policiers tout en insistant sur "la déontologie". "Nul n'est au-dessus des lois", a encore avancé le président.

"Un risque de mutinerie"

Élisabeth Borne a donc choisi de mettre ses pas dans ceux d'Emmanuel Macron, en tentant de ménager la chèvre et le chou. Il faut dire que l'exécutif est dans une situation pour le moins délicate.

Le policier qui a tiré sur Nahel est actuellement en détention provisoire. Emmanuel Macron avait lui-même évoqué un geste "inexcusable, inexplicable", expliquant que "rien ne justifie la mort d'un jeune".

Si la tension avec six nuits d'émeutes est très largement redescendue depuis, la situation reste suffisamment précaire pour que le président ne mette pas d'huile sur le feu.

"Si l'exécutif n'apporte pas de gage, il y a un risque de mutinerie. C'est un choix politique d'avoir une expression de solidarité" envers les policiers, nous explique ainsi Maître Vincent Brengarth, avocat spécialisé des défenses des libertés publiques.

Borne ne veut "pas rentrer dans les procédures de validation d'interview"

Pas question d'ailleurs pour Élisabeth Borne d'ouvrir un nouveau front en visant explicitement Gérald Darmanin. Interrogée sur l'éventuel circuit de validation de relecture de l'interview du directeur général de la police nationale, la Première ministre a botté en touche.

"Je vais pas rentrer dans les procédures de validation de l'interview du DGPN", a fait savoir la Première ministre.

Matignon et l'Élysée demandent généralement à relire les entretiens de tous leurs ministres et des hauts fonctionnaires de l'administration centrale.

Marie-Pierre Bourgeois