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Eric Dupond-Moretti "face à BFM": six moments forts à retenir de l'émission

Eric Dupond-Moretti "face à BFM", le 5 octobre 2021.

Eric Dupond-Moretti "face à BFM", le 5 octobre 2021. - BFMTV

Réforme de la justice, relations avec les magistrats, situation politique... Le garde des Sceaux a répondu pendant deux heures aux questions des journalistes de BFMTV et RMC.

Grand oral pour Eric Dupond-Moretti. Pendant plus de deux heures ce mardi soir, le ministre de la Justice a répondu aux questions des journalistes de BFMTV et RMC. D'abord sur les questions d'actualité, comme la prise d'otage à la prison de Condé-sur-Sarthe, survenue dans la journée. Puis sur la justice, sa carrière politique ou encore la présidentielle à venir. Voici les principaux moments forts de l'émission.

• Sur la prise d'otage à la prison de Condé-sur-Sarthe: "Il y a eu faille"

Eric Dupond-Moretti a reconnu "une faille" après la prise d’otages à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne).

"Il y a eu faille à l’évidence puisqu’un homme se retrouve armé et prend en otage des membres de l’administration pénitentiaire", a indiqué le ministre de la Justice, expliquant que l’enquête en cours devra répondre à plusieurs questions.

À commencer par celle de savoir comment le détenu qui a pris en otage deux surveillants a fabriqué une arme, une lame d’environ 15 centimètres.

• Sur la sévérité de la justice: 132.000 peines de prison, "vous trouvez que c'est laxiste?"

La justice est-elle trop "laxiste"? C'est ce que pensent 68% des Français, selon un récent sondage, et c'est la question qu'a voulu aborder Apolline de Malherbe face à Eric Dupond-Moretti. "Je veux leur répondre (aux Français)", a répliqué le ministre de la Justice. "Ils ne connaissent pas suffisamment l'institution judiciaire."

Et le garde des Sceaux de dérouler une série de statistiques, pour prouver que selon lui la justice est au contraire "de plus en plus sévère".

"En 2010, il y a 116.000 peines de prison prononcées, en 2019 132.000, vous trouvez que c'est laxiste ça?", a-t-il interrogé. "Entre 2001 et 2005, c'est 89.000 années de prison qui ont été infligées. entre 2016 et 2020 c'est 102.000 années. Vous trouvez que c'est laxiste? Le taux de poursuite est en accroissement. Le classement sans suite diminue,."

"C'est très clair, la justice n'a jamais été aussi sévère qu'aujourd'hui en terme d'emprisonnement", a-t-il conclu.

• Sur la lenteur de la justice: "C'est incontestable"

Le ministre de la Justice a évoqué la "défiance" des Français à l'égard de l'institution judiciaire, une défiance qui s'exprime sur "trois items" selon lui: la "lenteur" de la justice, sa "complexité" et la justice des mineurs.

Sur le premier point, Éric Dupond-Moretti a reconnu une lenteur de la justice française: "C'est vrai, c'est incontestable".

Pour accélérer la cadence, Eric Dupond-Moretti a mis en avant les efforts faits, selon lui, pour renforcer les moyens humains alloués à la justice, à commencer par les greffiers, qui sont "aujourd'hui plus de 10.000". "Quant aux magistrats, on en est aujourd'hui à 9090 - 50 seront embauchés l'année prochaine."

"Quand je rencontre les magistrats, aujourd'hui on commence à me parler d'équipes autour du magistrat et non plus de manque de magistrats", a assuré le ministre. "Je pense qu'on est pas loin du bon chiffre." Tout cela "va dans le sens d'une accélération mais ça ne se fait pas en un claquement de doigts", a-t-il insisté.

• Sur un retour dans la robe d'avocat: "Je ne m'interdis rien"

Eric Dupond-Moretti a-t-il définitivement rangé sa robe? Son arrivée en juillet 2020 au ministère de la Justice a mis fin à la carrière d'un des avocats les plus connus de France. Celui qu'on surnommait "Acquittator" (en référence aux nombreux acquittements qu'il a obtenu, NDLR) n'écarte toutefois pas un retour au barreau.

"Je ne m'interdis rien et je ne dis plus rien sur mon avenir", a répondu le ministre à Bruce Toussaint qui l'interrogeait sur le futur de sa carrière professionnelle.

Une manière de se prémunir de tout changement d'avis, après un premier épisode malheureux. En 2018, il avait en effet totalement écarté l'idée de devenir ministre un jour. "Personne n'aurait l'idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer cela", assurait-il. "Et moi franchement je n'accepterais jamais un truc pareil."

• Sur sa mise en examen: "Je n'ai pas eu envie de démissionner"

"Non, non, non, je n’ai pas eu envie de démissionner." Malgré sa mise en examen en juillet dernier pour "prise illégale d’intérêts", Eric Dupond-Moretti assure n'avoir pas envisagé de quitter son poste. Pour lui, cette affaire est "une guerre menée par certains représentants de syndicats". Il assure s’être "longuement expliqué devant les juges" et assure "être pleinement" ministre.

Sur le plan humain, le ministre a reconnu que cette mise en examen "n’a pas été facile". Notamment pour ses proches. "Ma mère avait du chagrin et elle ne comprenait pas que son fils soit accusé", a-t-il fait savoir.

• Sur Eric Zemmour: c'est un "raciste" et un "négationniste"

Interrogé sur Éric Zemmour, Éric Dupond-Moretti a répondu aux propos du polémiste qui dans son livre critique le choix de la famille Sandler d'enterrer en Israël leurs enfants victimes de Mohammed Merah.

"J'espère que certains vont ouvrir les yeux", a déclaré le ministre de la Justice à propos de l'essayiste, qui laisse toujours planer le doute sur ses intentions pour l'élection présidentielle mais progresse dans les sondages.

L'ancien avocat d'Abdelkader Merah (le frère du terroriste, NLDR) a qualifié Éric Zemmour de "raciste, négationniste" tout en rappelant qu'il avait été condamné pour incitation à la haine raciale.

"Pour le moment, il est polémiste, de talent, journaliste, écrivain. C'est quoi son programme ? (...) J'aimerais savoir ce qu'il propose sur la justice", a conclu le ministre.

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