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En conflit avec le gouvernement, le Conseil national du numérique perd 20 de ses membres

Mounir Mahjoubi le 18 mai 2017 à son arrivée à l'Elysée avant le premier conseil des Ministres.

Mounir Mahjoubi le 18 mai 2017 à son arrivée à l'Elysée avant le premier conseil des Ministres. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La quasi totalité des membres du Conseil national du numérique ont démissionné mardi, en protestation contre le gouvernement qui contestait sa composition.

Relancé il y a une semaine, le Conseil national du numérique (CNNum) est déjà en crise: mardi soir, 20 de ses membres ont annoncé leur démission, "considérant que le travail du Conseil ne peut plus se faire selon des modalités efficaces".

> La nomination de Rokhaya Diallo en cause

En cause, le recadrage de Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au numérique et lui-même ancien président du CNNum, à propos de sa composition. Marie Ekeland, la nouvelle présidente, avait reçu une marge de manœuvre importante pour composer son équipe: désireuse d'ouvrir le CNNum à la société civile, elle avait convié la militante féministe et antiraciste Rokhaya Diallo ainsi que le rappeur Axiom à y participer. Une décision qui n'avait pas entraîné de réaction de la part de Mounir Mahjoubi lors de son annonce, le 11 décembre dernier.

Mais dans une partie de la classe politique et sur les réseaux sociaux, la présence de Rokhaya Diallo, connue pour ses dénonciations d'un "racisme d'Etat" et la défense du principe de réunions militantes en "non mixité" raciale afin de libérer la parole de personnes dites "racisées", n'est pas passée. Valérie Boyer, députée LR, a ainsi demandé le 13 décembre dernier au gouvernement "de la cohérence", voyant "plusieurs contradictions" dans la présence de Rokhaya Diallo et Axiom au CNNum.

> La méthode de Mounir Mahjoubi critiquée

Mercredi dernier, Mounir Mahjoubi a finalement demandé à Marie Ekeland de revoir sa copie. Un recadrage qui a provoqué les démissions en série constatées ce mardi. "Le problème réside dans la méthode", estime sur BFMTV Pierre-Yves Geoffard, économiste démissionnaire du CNNum. "S'il y avait une sensibilité particulière à propos d'une personnalité particulière, il aurait fallu le dire avant".

Dans une interview au Figaro, le secrétaire d'Etat assume: "Après cette nomination, tout le monde a oublié le CNNum et ce qu'il était censé faire. Le débat s'est porté sur d'autres sujets. Cela l'a rendu inaudible et incapable de travailler sur ses missions", explique-t-il. La nomination de Rokhaya Diallo n'est pas, selon lui, le problème: "le problème, ce sont les réactions et l'incapacité du CNNum à travailler dans la sérénité".

> Une indépendance en question

Le Conseil national du numérique a notamment pour mission d'informer et de conseiller le gouvernement "dans l'élaboration, la conduite et l'évaluation des politiques et de l'action publiques". Il est indépendant, mais "il doit être proche du gouvernement", selon les termes de Mounir Mahjoubi. Et ses membres sont nommés par le Premier ministre, sur proposition du secrétaire d'Etat. Une semaine après sa relance, le voilà donc de nouveau à l'arrêt. Sa nouvelle composition sera annoncée début 2018.

Ariane Kujawski