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En cas de victoire de Le Pen, Cazeneuve pourrait-il rester Premier ministre?

Marine Le Pen et Bernard Cazeneuve.

Marine Le Pen et Bernard Cazeneuve. - AFP ; montage BFMTV.com

Selon des informations de l'hebdomadaire Challenges, le Premier ministre Bernard Cazeneuve songerait à ne pas démissionner de Matignon si Marine Le Pen l'emportait, le 7 mai prochain.

Pourrait-il refuser de partir? D'après Challenges, Bernard Cazeneuve pourrait décider de s'accrocher à son poste, en cas de victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle. Dans une brève signée du journaliste Nicolas Domenach publiée dans le numéro paru jeudi, l'hebdomadaire écrit ainsi que le Premier ministre, directement cité, "n'a aucunement l'intention de déserter le front de Matignon au cas où Marine Le Pen emporterait la présidentielle". "Je n'ai laissé aucune lettre de démission en blanc à la présidence", aurait ajouté Bernard Cazeneuve. 

L'information a été aussitôt démentie par Matignon. "Le Premier ministre n'a jamais, jamais évoqué ce scénario", a assuré l'entourage de Bernard Cazeneuve auprès du Lab. Toutefois, un tel scénario serait-il envisageable?

Un scénario possible mais inédit

Comme l'explique Le Lab, la Constitution n'oblige en rien le chef du gouvernement à quitter son poste après l'élection d'un nouveau président de la République, étant donné que l'ensemble du gouvernement n'est responsable que devant l'Assemblée nationale. Celle-ci a en effet le pouvoir de voter la censure contre le gouvernement.

L'article 8 de la Constitution dit en effet que "le président de la République nomme le Premier ministre". Mais ne lui donne pas le pouvoir de le révoquer. Il faut en effet que le Premier ministre remette au président la démission de son gouvernement pour que le chef de l'Etat mette fin à ses fonctions. Autrement dit, en l'absence de cette présentation de la démission, le Premier ministre pourrait rester en poste, du moins jusqu'aux législatives qui se tiendront les 11 et 18 juin, qui renouvelleront l'Assemblée nationale, précise L'Express. L'adoption d'une motion de censure par le nouvel hémicycle obligerait le Premier ministre à partir. 

Autre option, soulevée par Le Lab: le président de la République pourrait utiliser l'article 16 de la Constitution, qui lui accorde les pleins pouvoirs. Il mettrait ainsi fin de lui-même aux fonctions du Premier ministre. 

S'il est donc possible d'un point de vue strictement constitutionnel, ce type de scénario ne s'est en tout cas jamais produit dans l'histoire de la Ve République. Bernard Cazeneuve inaugurera-t-il la pratique, en refusant de partir si Marine Le Pen est élue? Réponse le 7 mai. 

A.S.