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Ecotaxe: le gouvernement peut-il tenir?

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Après la reculade de ce week-end sur l’épargne et les concessions déjà accordées aux Bretons, le gouvernement doit annoncer lundi des aménagements pour désamorcer les tensions sur l’écotaxe.

"On ne peut plus bouger aujourd’hui, ce serait céder. On ne peut pas ne pas bouger, ce serait être entêté." Dans le journal Libération, un élu finistérien résume ainsi le dilemme auquel doit faire face le gouvernement au sujet de l’écotaxe.

Sur un autre sujet, l'épargne, Matignon annonçait samedi "des améliorations". Dimanche, le ministre du Budget Bernard Cazeneuve a annoncé que les plan épargne logement (PEL), les plans épargne en actions (PEA) et l'épargne salariale seraient finalement retirés du projet de loi qui consiste à aligner par le haut -à 15,5%- les prélèvements sociaux sur les produits d'épargne.

Alors que le gouvernement est régulièrement accusé de ne pas avoir de cap, peut-on s’attendre à ce même type "d'amélioration" sur l'écotaxe ?

Bretons, opposition et socialistes vent de bout

La taxe qui cristallise la colère bretonne est une mesure du Grenelle de l'environnement du précédent quinquennat et doit entrer en application à partir du 1er janvier 2014. Elle est à l’origine de nombreuses manifestations en Bretagne depuis plusieurs mois, dont la violence est montée d’un cran ce week-end.

En plus des manifestants, l'opposition s’est elle aussi saisie de l’écotaxe. Le député UMP Bruno Le Maire a ainsi estimé dans Le Parisien que l'équipe actuelle était "en train de mettre le pays à feu et à sang". Jean-Louis Borloo, pourtant à l’origine de cette taxe quand il était ministre de l’Environnement, veut la "remettre à plat".

Les élus bretons, même socialistes, ne sont pas en reste pour demander au gouvernement de revoir sa copie. Le député PS du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, a réitéré dimanche la demande d'"ajournement" de l'écotaxe pour cette région que réclament "l'ensemble des députés de Bretagne et les collectivités bretonnes à majorité socialiste".

Les écologistes attachés à l'écotaxe

Pour autant cette taxe a encore des défenseurs: les écologistes. "Si ce gouvernement cède, il ne faudra pas qu'il s'étonne qu'il n'y ait plus d'autorité sur rien", a ainsi mis en garde le chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé, sur BFMTV.

"Il ne faut pas prendre l'écotaxe pour le bouc émissaire", a renchéri sur RFI Pascal Durand, secrétaire national d'Europe ecologie-Les Verts (EELV). "On voit bien que la Bretagne est à bout, qu'il y a une crise mais la crise ce n'est pas l'écotaxe qui l'a créée", a-t-il relevé.

De nouveaux aménagements en vue

Jean-Marc Ayrault a déjà annoncé qu'une réduction de 50% du montant de cette écotaxe serait appliquée en Bretagne et que la route nationale 164, qui est l'axe vital de la région pour le secteur agroalimentaire, serait exclu de cette taxe. De plus, les véhicules affectés au transport de lait seront exonérés. Mais ces annonces n’ont pas satisfait les opposants à l’écotaxe.

Face à l’ampleur des manifestations du week-end, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, a adressé lundi matin à Jean-Marc Ayrault des propositions. Et selon les informations d’Apolline de Malherbe, des nouvelles concessions devraient être accordées. La mise en place de l’écotaxe pourrait être ajournée de deux ans et la détaxe de 50%, spécificité bretonne, pourrait être portée à un nouveau supérieur. Enfin, un mécanisme dans lequel la grande distribution prendrait sa part est en cours de réflexion.

Ces aménagements ne devraient pas satisfaire les protestataires. Le collectif à l'origine des manifestations a expliqué lundi attendre "la suppression pure et simple de l'écotaxe en Bretagne".

Karine Lambin avec AFP